jeudi 11 septembre 2014

CONTRECOUPS de Nathan Filer






Éditions Michel Lafon
352 pages
19.95 euros


4ème de couv :

Matthew a 19 ans, et c’est un jeune homme hanté. Par la mort de son grand frère, dix ans auparavant. Par la culpabilité. Par la voix de Simon qu’il entend partout, tout le temps…

Matthew a 19 ans et il souffre de schizophrénie, une maladie qui « ressemble à un serpent ». Pour comprendre son passé et s’en libérer, Matthew dessine, écrit. Il raconte l’enfance étouffée par la perte, la douleur silencieuse de ses parents ; l’adolescence ingrate brouillée par les nuages de marijuana ; la lente descente dans la folie, l’internement… Mais aussi, avec un humour mordant, le quotidien parfois absurde et toujours répétitif de l’hôpital psychiatrique, les soignants débordés, l’ennui abyssal… Et le combat sans cesse renouvelé pour apprivoiser la maladie, et trouver enfin sa place dans le monde.

Bouleversant, tourmenté, souvent drôle, Contrecoups est un roman tendre et courageux, porté par une voix absolument unique.



L'avis de Dup :

Un serpent. Ma maladie est un serpent, nous dit Matthew, parce que chaque fois que j'apprends quelque chose, elle l'apprend aussi. Et Matthew se débat contre elle, contre ses effets qui lui font se mélanger le temps, les souvenirs, les rêves. Mais il se bat aussi contre l'institution psychiatrique et ses traitements si lourds, ces traitements avec tant d'effets secondaires qu'il faut des pages et des pages pour les énumérer. Mais aussi, et surtout parce qu'ils tiennent Simon, son frère, à l'écart, loin de lui.

Pauvre Matthew, qui à sa façon nous décrit et explique sa schizophrénie. On comprend vite que celle ci évolue dans un terrain favorable : la mère de Nathan est assez spéciale, il la qualifie même de folle et dans son récit, on sent bien qu'elle n'est pas très stable psychologiquement. Mais outre ce terrain propice au développement d'une psychose, le choc de la mort de son grand frère Simon alors âgé de 8 ans alors qu'il n'en a que 6, doublé d'un fort sentiment de culpabilité suffisent à installer cette maladie.
Schizophrénie n.f. affection mentale sévère caractérisée par une perturbation du processus englobant la réflexion, le contact avec la réalité et les réactions affectives.
Étymologie : du grec "skhizein" : diviser et "phrên" : esprit.
Matthew est touchant, bouleversant. Ce qui lui est arrivé est si triste, si dur qu'on se dit que n'importe quel gamin confronté à ces mêmes événements  peut réagir ainsi, terrain favorable ou non. Et cela fait vraiment peur, car Matthew est intelligent, sensible et il comprend très bien ce qui lui arrive la plupart du temps.
Le pire, dans cette maladie, ce n’est pas ce qu’elle me fait croire ni ce qu’elle me fait faire. Ce n’est pas l’emprise qu’elle a sur moi, ni même l’emprise qu’elle autorise les autres à avoir. Le pire de tout, c’est qu’elle m’a rendu égoïste. La maladie mentale nous replie sur nous-mêmes. C’est mon avis. Elle fait de nous les prisonniers à vie de la douleur qui occupe nos têtes, tout comme la douleur d’une jambe brisée ou d’un pouce entaillé accapare l’attention et s’y cramponne au point que la jambe ou le pouce valides cessent d'exister.
Il nous parle, nous apostrophe et ses phrases résonnent très fort :
Et peu importe que je m'applique à bien réfléchir, à dire la vérité, personne ne croit un seul mot de ce que je dis ici. [...] Voilà ma vie. J'ai dix-neuf ans  et la seule chose que je maîtrise encore un tant soit peu dans mon univers, c'est la façon de raconter cette histoire. Alors je ne compte pas déconner. Ça serait bien si vous faisiez l'effort de me faire confiance. 
Nathan Filer lui prête même de l'humour parfois et rend ce gamin terriblement attachant. Attachant par son parcours, mais attachant également parce qu'il est sincère. Il nous décrit également ses périodes de dérives, de révoltes. Ses accès de colère parfois injustifiées, très vite suivis d'excuses poignantes.

Même si parfois j'ai souri, dès les premières pages de ce roman j'ai eu une grosse boule dans la gorge. Et si souvent mes yeux devaient briller, jamais je n'ai eu d'épanchements lacrymaux ( c'est bien dit n'est-ce-pas ?! ). Parce que le style de Nathan Filer est juste, très simple et coule tout seul. Parce qu'on sait que l'auteur, ancien infirmier en psychiatrie sait de quoi il parle, et que son éclairage sans concession du monde médical spécialisé dans la maladie mentale est idéal. On n'a pas le temps de s’appesantir, les pages défilent parce qu'on veut savoir et comprendre. Or cette maladie est félonne, telle un serpent elle se faufile partout, brouille la réalité, brouille le temps et rend le récit de Matthew absolument pas linéaire. Cela accentue encore l'attention qui est demandée au lecteur et celui-ci n'a pas le temps de s'épancher.

C'est encore un OLNI pour notre blog, mais je ne peux que vous le conseiller, quel plaisir de lecture. Ce livre est un concentré d'émotions, un récit qui sonne juste en permanence, un énorme coup de coeur !

Et voici le billet coupable de m'avoir entraînée dans cette lecture ! Merci Cajou ♥ 



7 commentaires:

Léa Touch Book a dit…

Je l'ai lu : un coup de cœur ce livre : touchant, vivant...!!

Phooka a dit…

rien que ta chro prend aux tripes, alors j'imagine le livre !

Cyan a dit…

Ce livre est dans ma wishlist, ton avis me donne encore plus envie de le lire...

Dup a dit…

Je suis en plein dans la schizophrénie en ce moment, car re-belote avec Innocent !!! :P

Unknown a dit…

Tu ne parles très très très très bien et si je ne l'avais pas déjà lu, c'est certain que je cèderais à la tentation ! Je suis vraiment heureuse qu'il t'ait plu autant qu'à moi <3
Des gros bisous et une belle fin de semaine à toi, et à Phooka :)
Cajou

Phooka a dit…

Merci cajou !

Dup a dit…

Encore merci Cajou de m'avoir entraînée vers cette lecture, que du bonheur !