vendredi 2 octobre 2015

ROYAUME DE VENT ET DE COLÈRES de Jean-Laurent Del Socorro





Éditions ActuSF
Collection Les 3 Souhaits
288 pages
18 euros


4ème de couv :

1596. 
Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. 

À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.
Les pions sont en place. 
Le mistral se lève. 
La pièce peut commencer.


L'avis de Dup :

Mon Dieu quel plaisir de lecture. Ce roman est un bijou ciselé à la perfection, on ne peut qu'admirer le travail d'orfèvre de Jean-Laurent Del Socorro. J'ai eu envie de lire ce livre par curiosité, parce qu'il avait remporté la palme décernée par Elbakin. Bien m'en a pris, je comprends tout-à-fait la décision du jury.

Tout d'abord c'est un roman choral et vraiment j'adore ça. Les romans de ce type ne sont pas toujours aisés à suivre, là cela coule de source, et en plus avec un rythme soutenu, l'équilibre est parfait. Chaque chapitre concernant un personnage fait une ou deux pages, trois maximum. Mais jamais à un rythme effréné, non, chaque passage se savoure car chaque personnage est intense, profond et ce dès le prologue.

Victoire, Gabriel, Axelle, Armand et Silas.
Je les ai tous aimé et je ne les détaillerai pas car je n'aurai pas les mots justes pour ça. Cela se résumerait à un bien trop long paragraphe bourré de superlatifs. Non, celui qui en parle le mieux c'est sans conteste l'auteur et je vous invite à les découvrir. Ils sont brièvement évoqués dans le résumé d'ailleurs, sauf Silas, qui lui est le bras droit de Victoire, la vieille femme.

Cinq personnages qui vont jouer un rôle prépondérant dans la destinée de Marseille, ce 17 février 1596. Marseille la fière, qui est alors une république indépendante, dirigé par un Consul installé là par la Ligue Catholique de Provence. Mais Henri IV, le huguenot est à ses portes et compte bien reprendre Marseille pour la réintégrer au Royaume de France. Le contexte historique est lourd, chargé, entre les différentes guerres de religion ou de territoire qui secouent l'Europe d'alors. Les appuis des uns, les soutiens des autres, les traîtrises, Catherine de Médicis, la Saint-Barthélémy... Jean-Laurent Del Socorro nous fait tout réviser. Mais en excellent pédagogue, la leçon est derrière, en toile de fond et on l'absorbe sans s'en rendre compte. J'adore.

Nos cinq personnages donc sont posés dans le splendide décor marseillais, en 1596, et chacun poursuit sa tâche. 
Puis arrive la première partie. On voit comment chacun interfère avec l'autre. Les attentes, les espoirs, les regrets, les constats d'une vie bien remplie ou pas assez, c'est selon. Le dénouement est proche cependant et on le devine bien sombre. 
La deuxième partie sera celle du passé de chacun, du cheminement et des moments clés de leur vie. L'auteur va nous faire reculer puis avancer dans le temps, nous promener un peu partout en France, là où il se passe des évènements historiques souvent. Seule Victoire et Silas resteront sur Marseille et avec eux on suivra les différentes dominations que subira la ville phocéenne, enjeu politique majeur.
Et quand arrive la troisième et dernière partie, on les connait intimement ces cinq là, on les aime et on sait qu'ils se dirigent vers un destin tragique. C'est poignant sans être larmoyant, c'est profond, ça remue les tripes. 

Roman historique alors ? Et bien pas que, car la touche de Fantasy est là, amenée de façon discrète et naturelle, elle s'intègre à la perfection au récit. Je n'en dirai pas plus si ce n'est que c'est un vrai délice que je vous conseille vivement de lire. 
Gros coup de coeur.




Message perso à Silas : Tu avais raison, ça s'est super bien passé ! Elle est belle et fière ta ville ! :)


8 commentaires:

Léa Touch Book a dit…

Rien que ce titre magnifique me donnait envie, après avoir lu ta chronique, je sais que je vais le lire ^^

Dup a dit…

Je pense que tu ne seras pas déçue Léa ! J'ai A-DO-RÉ <3

Le Chat du Cheshire a dit…

Ca a l'air pas mal du tout :D ! Je note !!

Phooka a dit…

Trop tentant celui là !!!

Jason a dit…

Ça avait été un coup de cœur pour moi aussi.
Construit en chapitres extrêmement courts (2-3 pages seulement en général), amenant un certain rythme à toujours vouloir lire un chapitre de plus, le roman se dévore quasi d'une traite. Alternant les points de vue à la 1ère personne, on rentre de plein pied dans l'intimité des personnages, et chacun se révèle bien distinct des autres et attachant à sa façon. Chaque lecteur a ou aura, je pense, son narrateur préféré.
Le roman est découpé en trois parties : la première d'exposition, où l'on rencontre chacun des personnages auxquels on accroche immédiatement, où tout se met en place ; une seconde faite de flashbacks épars où l'on voit comment chacun en est arrivé là où il est en début de roman, chaque parcours de vie des personnages, ceux-ci gagnant encore plus en profondeur; et enfin la dernière de résolution(s).
Si le cadre historique et géographique est présent et donne un certain caché à l’œuvre, apparaissant toujours en fil rouge, ce sont bien les petites histoires humaines dans l'Histoire qui intéressent l'auteur et passionnent le lecteur, où ces destinées se croisent et finissent par se mêler au sort de Marseille. Toujours touchant, parfois terrible, Jean-Laurent Del Socorro manie l'émotion, les interrogations personnelles (aussi bien sur la famille, la rédemption, une certaine forme de féminisme, les choix et les conséquences qui en découlent) avec justesse et une très belle plume.
La Fantasy, présente uniquement par sa magie, assez terrible dans l'exploitation que les hommes en font, s'intègre parfaitement à l'histoire/Histoire, tout en restant cependant suffisamment en retrait pour ne pas dénoter et laisser le devant de la scène avant tout à l'humain.
Sans grandes frasques épiques ou envolées lyriques, l'action a aussi sa place, même si c'est avant tout les quêtes intérieures des personnages, leurs questionnements, leurs réflexions qui priment.

Un roman court mais puissant, où chaque personnage nous habitera encore même après avoir refermé le livre, et que l'on souhaite revoir dans d'autres textes de l'auteur.

Le petit plus du livre : une nouvelle fort réussie et très touchante centrée sur un personnage secondaire, ainsi qu'un interview de l'auteur en bonus en fin de roman.

Belledenuit a dit…

Tu t'es vengée, j'en suis sûre. C'est à cause de la New Romance que je te fais lire ? C'est ça ? Je suis sûre que c'est ça... Tu sais que je suis obligée de le noter et de le lire maintenant. Vilaine ! Tentatrice ! :P

Sia a dit…

J'ai beaucoup aimé aussi, avec ce petit côté pièce de théâtre hyper agréable ! Bonne pioche !

Dup a dit…

Excellente pioche même !