lundi 13 mars 2017

4ème volet de l'ITV de ESTELLE FAYE



Voici donc le 4ème volet (et on est pas encore au 15 mars !)

Premier volet ICI
le second 
le troisième par là




                                   © Fabien Legeron



Juste deux mots avant de lui laisser la parole : Bienvenue Estelle !



Bonjour lectrices et lecteurs de Book en Stock ! 


Enfin, dans le cas présent, "bonjour", c'est rhétorique, vu que j'écris cette présentation de nuit - ça ne surprendra pas ceux qui me connaissent - et de la caféine plein les veines - rien de très original pour moi non plus...

Je vous écris depuis mon bureau, au dernier étage d'un immeuble anonyme en banlieue parisienne, avec une vue imprenable sur les pics de pollution, quand il fait beau. Mon bureau est tapissé d'images, des affiches de ciné et de théâtre, des photos d'océans et du bout du monde, des reproductions de cartes anciennes, des illustrations de fantasy...Il y en a partout ou presque, sur les murs, les étagères, sur ma table de travail, sur les haut-parleurs de mon ordi. La prochaine étape, c'est le plafond, il est encore blanc et vide, il ne devrait pas rester longtemps ainsi. 
Poursuivons la visite. Sur la droite, un fauteuil hors d'âge, autrefois noir, aujourd'hui gris, décoloré par le soleil, avec son chat intégré - Fenby, plus noir que le fauteuil, pur gouttière, dix kilos de muscles. Au sol, des cahiers de notes et des feuilles de brouillon, des vagues de papier qui s'étalent et refluent au rythme de mes projets. Des livres dans tous les coins, évidemment, des films aussi. Sur la gauche, une énorme armoire limousine, héritage familial, avale un tiers de la pièce. Un meuble monstrueux en chêne massif, vieux de plus d'un siècle. Parfois les tiroirs dedans se déplacent, la porte s'ouvre toute seule en grinçant, c'est mon poltergeist personnel. Mon bureau a un côté cabinet de curiosités, il s'est garni au fil du temps d'une foule d'objets divers, ça va de la sirène immobile à la rapière brisée, en passant par un bonzaï de verre, un véritable chapeau claque, un esprit marin en bois flotté... 
Au fond, près du radiateur, trône une unique plante verte, une sorte de mini-palmier hawaïen, installé là un jour où j'étais en manque de voyages. Ce végétal tenace se débrouille depuis quatre ans déjà pour survivre au milieu de mes deadlines. Il mérite un certain respect. Le printemps et l'aube approchent. Bientôt les rossignols vont chanter. 

Encore merci à Dup et Phooka pour leur invitation ! Pour mieux répondre à vos questions, je vais préparer du rab de café. 

****************************************


Allison :

Merci beaucoup pour cette réponse très détaillée sur les prénoms ! Heureusement que tu as choisi Thya : j'ai trouvé le prénom très beau et c'est lui qui m'a poussé à prendre le livre (puis j'ai vu la couverture et je n'ai plus hésité une seule seconde)

N'ayant lu que La Voix des Oracles, je n'ai pas de point de comparaison avec tes autres romans, mais adaptes-tu ton style en fonction du genre ? Ou écris-tu naturellement ? 



Merci encore et à bientôt !






Estelle :

Merci pour Thya !


Pour ce qui est du style, j'essaye toujours de trouver le ton juste, l'harmonie propre à chaque roman. Donc mon écriture varie d'un univers à l'autre, d'un livre à l'autre.

Je passe toujours beaucoup de temps sur les premiers chapitres, sur les premières phrases - j'ai mis près de trois mois à écrire les premières pages d'"Un Eclat de Givre", c'est mon record encore aujourd'hui.
Puis, une fois que les premières pages "sonnent juste", je suis lancée, la suite s'écrit beaucoup plus vite, heureusement.
( Je ne saurais pas dire pourquoi ou comment je sais que les premières pages sonnent juste, c'est une sorte d'évidence qui arrive au terme de plusieurs réglages, un peu comme lorsqu'on s'accorde en musique).






XL :

bonjour
les commentaires sur le processus de création et d'écriture sont toujours très intéressants
A propos, crois-tu qu'il est nécessaire que des compagnons meurent autour du héros ? 



SPOIL : (surligner la bande claire pour pouvoir lire)

Je pense au décurion par exemple, certes il avait une dette d'honneur à racheter mais son sacrifice sert-il autrement l'histoire ?

Estelle :



Bonjour et merci !



D'une manière générale, je crois qu'il n'y a pas de règle en écriture.

J'essaye de faire avant tout ce que l'histoire demande, de mener chaque personnage jusqu'au bout de son chemin. Parfois, certains vont devoir mourir. Dans certains cas, je le sais dès le synopsis. Dans d'autres cas, comme celui du décurion, ce n'était pas prévu à la base, mais ça s'est révélé inéluctable au fil de l'écriture.

Ce ne sont pas des scènes que j'aime écrire, d'ailleurs, les morts de personnages. L'une d'elles m'a même laissée dans un sale état pendant près de vingt-quatre heures, mais il fallait en passer par là.

SPOIL


Pour en revenir au sacrifice dont tu parles - attention, semi spoiler pour ceux qui n'ont pas lu toute la Voie des Oracles... - il sert aussi l'histoire, pour moi. Il va peser dans la balance, dans le choix auquel Thya va être confrontée à la fin du tome 3.
Mais même si ce n'était pas le cas, l'essentiel est que le personnage soit allé au bout de sa route, où qu'elle le mène. Chaque personnage a sa vie, son itinéraire propre, et je fais tout pour que mes personnages secondaires ne soient pas de simples faire-valoir du héros, ou des outils du scénario, mais des êtres humains à part entière.



Licorne :


C'est encore Licorne ! Bonsoir Estelle

J'ai fini les seigneurs de Bohen et ma chronique a été extrêmement dure a écrire a cause d'un foisonnement de pleins de choses ! J'ai beaucoup de mélancolie à la suite de cette lecture magnifique, sans doute parce que ces héros ont tous un lourd passé et qu'on ressent ce poids en avançant dans l'histoire. On ne sait pas non plus quel va âtre le destin de certains. Qu'as tu ressenti toi même en écrivant les dernières lignes de ce roman ?


Estelle :


Bonjour et merci beaucoup Licorne !

En fait, je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir quitté Bohen, même maintenant que le roman est terminé et publié, j'ai toujours un bout de mon esprit dans cet univers.
Certaines scènes du roman ont été un peu éprouvantes à écrire, surtout une, mais quand j'ai terminé, j'étais avant tout heureuse d'avoir réussi à finir ce livre, à tresser ensemble tous mes fils d'histoires - en tenant les délais, en plus ! 
J'étais vidée, un peu nostalgique, et en même temps j'avais l'impression d'avoir fini d'ouvrir une porte vers Bohen.
Par la fenêtre de mon bureau, je voyais l'aube se lever, et il faisait beau, ça correspondait assez bien à mon état d'esprit.


Le Mont des Rêves :

Bonjour Estelle ! Félicitations en tout cas pour Les seigneurs de Bohen, l'univers est incroyable ! Alors j'ai quelques questions et je vais toutes les mettre ici comme ça ! Les seigneurs de Bohen, c'est clairement une époque charnière dans l'Histoire (with a big H). De quelles périodes historiques t'es-tu inspirées ? Quel a été le travail de recherche documentaire en amont ? Te sens-tu, en tant qu'auteure, responsable devant le lecteur de l'Histoire que tu écris et du parallèle avec notre Histoire ? (Heu c'est compréhensible ?)

J'ai aussi beaucoup apprécié ton roman post-apocalyptique, Un éclat de givre. Encore une fois, un univers science-fictionnel particulier. Comment est-il né ? J'ai beaucoup apprécié ce Chet rêveur, nostalgique, poétique. D'où vient-il ? Et comptes-tu te remettre à écrire de la science-fiction ?


Estelle :

Bonjour et merci pour "Les Seigneurs de Bohen", ravie qu'il t'ait plu !

J'adore les périodes charnières de l'Histoire, les changements de civilisations. ce sont des époques passionnantes pour y placer des livres, riches en rebondissements, en questionnements, en remises en cause, et qui nous en apprennent beaucoup sur la nature humaine, aussi.
Pour créer Bohen, je me suis surtout inspirée de la fin du Moyen-Age en Europe, du début de la Renaissance en général, et plus précisément de l'Histoire de la Bohême entre le 12e et le 16 e siècles - une période où cette partie du monde a connu une véritable ascension, une grande puissance, puis un inévitable déclin, pour résumer à gros traits.
Je me suis aperçue il y a quelques années que je ne connaissais quasiment rien en Histoire sur l'Europe Centrale et l'Europe de l'Est, avant l'époque moderne, alors que j'avais lu beaucoup de contes et légendes de ces régions. J'ai voulu combler cette lacune, et j'ai découvert tout un monde que j'ignorais, alors que pourtant il était voisin ou presque du nôtre. 


Pour le travail documentaire en amont - j'espère que je ne vais pas me répéter^^-, rien d'extraordinaire, je suis allée en librairies et en bibliothèques, j'ai demandé des conseils autour de moi, j'ai couru les expos et les épiceries spécialisées - pour goûter ce que mangent mes personnages. Lors d'un voyage en Pologne, j'ai visité des mines d'or et de sel qui ont servi de base à celles de Katow-Ser. Une correspondante roumaine m'a donnée quelques infos sur les marécages pas loin de chez elle...
Je me suis documentée également sur les armes et les stratégies militaires. J'ai fait de l'escrime historique, de la rapière surtout, pour créer Sainte-Etoile. Bien sûr, je n'ai pas le niveau de mon escrimeur errant, loin de là, mais ça m'a aidé à extrapoler. J'ai remis les pieds au Musée de l'Armée, aux Invalides, où je n'étais plus entrée depuis le collège. Le livre de l'exposition "d'Azincourt à Marignan, chevaliers et bombardes" m'a suivie tout au long de l'écriture... 
Bref, comme pour chaque roman, j'ai varié mes sources, mélangé lectures et expériences concrètes, pour rendre le résultat le plus riche et le plus vivant possible.


La documentation, c'est un cliché de le dire mais c'est vrai, c'est un peu comme la danse classique, il faut travailler beaucoup en amont pour que le résultat paraisse fluide et naturel aux yeux du spectateur, ou du lecteur. Le lecteur ne doit surtout pas sentir l'effort de reconstitution, mais s'immerger d'emblée aux côtés des personnages, dans la peau des personnages même, dans un monde qui est évident pour eux.

Pour la question de la responsabilité vis-à-vis du lecteur, je crois que je l'ai comprise, j'espère que ma réponse va être claire aussi^^
Je sais que je ne suis pas historienne, et mon but quand j'écris n'est pas de donner une leçon d'Histoire. Mais j'essaye de faire en sorte que mes romans sonnent le plus juste possible, qu'ils entrent en résonnance de manière pertinente avec la période dont ils s'inspirent, plus ou moins directement.
Je m'efforce de sortir de ma carcasse, de voir et de penser le monde au travers de mes personnages, avec leurs impensés, leur vision de l'univers, leur passé propre, leurs codes moraux... Je veux éviter à tout prix que mes personnages ne soient que des coquilles vides, des héros qui auraient l'apparence d'une tisserande chinoise du dix-huitième siècle, d'un barbare de la fin de l'Antiquité ou d'une religieuse aveugle de Bohen, mais qui raisonneraient et se comporteraient tous, au fond d'eux, comme une banlieusarde trentenaire du vingt-et-unième siècle. 
Quand je me présente devant les lecteurs, je veux pouvoir leur dire que j'ai fait mon travail de mon mieux, pour leur créer des personnages et un univers les plus cohérents, les plus incarnés et les plus vrais possibles. En me laissant guider par ce que la période et l'histoire -avec un petit "h", cette fois- le demandent, pas par des caprices d'auteur.


Je saute du coq à l'âne !


"Un Eclat de Givre", c'est un univers qui m'accompagne depuis... pour le coup, depuis plus de vingt ans, ça ne me rajeunit pas ! J'ai commencé à rêver à ce Paris déconstruit et reconstruit, à la fois futuriste et fantastique, quand j'étais au lycée. A l'époque, je songeais vaguement à en faire un univers de Jeu de Rôle. J'ai toujours beaucoup marché à pied dans Paris, et pris les transports en commun - je prenais le RER pour aller à la maternelle - et au fil de mes déplacement je m'amusais à transformer en imagination la ville qui m'entourait.
Puis, ces dernières années, j'ai vu le Paris que j'aimais, la ville qui me tenait à coeur, pas forcément parfaite mais vivante, vibrante, reculer au profit d'une ville muséifiée, nettoyée, irréelle, qui offre un visage lisse et ennuyeux aux touristes et aux gens bien nés. Sur la Place de la Sorbonne, une enseigne de vêtements de sports remplace désormais la grande librairie des PUF, des Presses Universitaires de France. La Piscine Molitor a perdu ses peintures urbaines pour devenir un spa exclusif, aux tarifs d'entrée exorbitants. La Miroiterie est morte, et sur les pentes de Montmartre, les petits marchands de tissu, où se sont fournies toutes mes troupes de théâtre, cèdent la place à des magasins de souvenirs sans âme, qui recyclent un Paris qui n'existe déjà plus. Du côté de Bastille, le bizarre bar sans nom a été relooké en fausse boîte de nuit berlinoise...
Heureusement, il subsiste encore çà et là des poches de vraie vie, mais j'espère que le mouvement déjà bien amorcé de ripolinage de la ville va s'inverser un jour.
Chet est né de là, de ma relation d'amour/haine avec Paris, de ma nostalgie de certains lieux et de mes espoirs, malgré tout, pour l'avenir. De mes années de théâtre, aussi - mais ça, j'en ai déjà parlé plus haut, je crois^^.


Enfin, pour répondre à ta dernière question, j'ai un projet de Space-Opera sur le feu, je croise les doigts pour qu'il voit le jour bientôt !



Mariejuliet :


Ah chouette très bonne nouvelle pour polar et thriller et space opera ! Tu vas vraiment faire tous les genres :-D

Mais avant ça, j'ai une déclaration : ce n'est pas possible!!!!! Tu ne peux pas nous laisser comme ça après les seigneurs de Bohen!!! Que deviennent Saint-Etoile et Mord et les filles de l'empereur ????

Estelle :


Merci Mariejuliet !


En règle générale, j'aime bien les fins ouvertes, celles qui laissent les personnages libres de vivre leur vie, et le lecteur libre d'imaginer la suite, s'il en a envie. 
Mais maintenant que j'ai quelques romans derrière moi, je me dis de plus en plus en souvent que je reviendrais bien dans certains de mes univers, voir comment ils évoluent, comment les héros tracent leur chemin, ce qu'ils deviennent un an, deux ans, dix ans... après la fin du premier livre.
Après, comme d'habitude, il faut que je trouve le temps d'écrire.


Elphriya/Maëlys :

Bonjour Estelle,

Promis je ne vais pas encore te dire à quel point Un éclat de givre m'a marquée (si vous ne l'avez pas lu, qu'attendez-vous ?!) ^^.

En regardant les questions et les réponses, j'ai vu apparaître le nom de Racine qui est l'un de mes dramaturges préférés. Comme tu as fait du théâtre en tant qu'actrice et metteur en scène, je voulais savoir si pour toi lire des pièces était une aberration (okay, le mot est un peu fort). Pour ma part, j'ai bien du mal avec les représentations et étrangement, je ressens davantage le pouvoir des mots lors de ma lecture. Sinon, quels sont les dramaturges ou les pièces qui t'ont le plus marquée ?

Je reviens à l'écriture et ma question rejoint plus ou moins des questions précédentes. Je voulais savoir, lorsque tu écrivais une scène, si tu savais déjà avec précision ce qui s'y passait - quitte à faire des modifications si une nouvelle idée surgissait - ou si tu avais une idée plus ou moins vague et qu'ensuite tu te laissais porter par tes personnages ?

Et je finirai sur un point qui me rend réellement admirative : ton style. Tu réussis à le rendre vivant, incarné à tel point qu'on a l'impression en te lisant que les mots s'imposent à toi et que tu te dois les retranscrire. C'est d'ailleurs ce qui pour moi fait la force de tes romans. Je sais que tu réécris plusieurs fois tes débuts de roman pour trouver la justesse des phrases mais t'arrive-t-il de devoir prendre davantage de temps au cours de l'écriture ? Y a-t-il des passages qui te posent problème ou le reste coule-t-il de source ? (Je ne sais pas si je suis vraiment claire pour le coup...) Et comment fais-tu pour avoir autant de vocabulaire :o ? Chaque fois que je lis un de tes romans, je suis certaine de découvrir de nouveaux mots (ce que j'adore, j'ai un carnet exprès) !

En attendant tes réponses, je te souhaite que le café coule à flot dans tes veines,

Maëlys


Estelle :

Bonjour Maëlys,
et encore merci pour "Un Eclat de Givre" !


Pour les questions sur le théâtre, je n'ai rien contre les lectures de pièces, elles permettent souvent de faire résonner les mots de l'auteur avec beaucoup de clarté, et valent parfois mieux qu'une mauvaise mise en scène. Ceci étant dit, une bonne mise en scène permet de faire vivre vraiment les personnages, et une très bonne mise en scène donne une nouvelle dimension à une pièce.
Passons à mes dramaturges et pièces favoris. J'ai été marquée très jeune par Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, pour son allant, pour son rythme, pour le personnage central surtout, qui tombe et se relève sans rien perdre de son esprit, de sa verve, pour ses répliques qui ont contribué à façonner l'Histoire, et qui aujourd'hui encore portent en elles un souffle de liberté et de révolution. Ensuite, j'ai découvert Racine, avec un coup de cœur pour Andromaque ( la pièce la plus sombre que j'ai lue, qui va mal dès le troisième vers et évolue ensuite vers quelque chose d'encore pire). J'aime Lorenzaccio de Musset pour son héros tout en zones grises, et le Diable et le Bon Dieu de Sartre, sans doute la première pièce de fantasy française ( il y a un siège, des batailles, le Diable qui interagit avec les hommes, un traître, une sorcière, et un bâtard qui fait dévorer son demi-frère légitime par les loups... Il ne manque que les dragons pour qu'on soit dans Game of Thrones^^). Je suis fan aussi de Shakespeare, et d'Edouard II de Marlowe, l'une des plus belles pièces sur le chaos du monde.
Chez les auteurs plus récents, j'adore les univers subtils et poisseux de Tennessee Williams, le très glauque Amour de Phèdre de Sarah Kane, et en moins pesant quand même Angels in America de Tony Kushner, pour sa galerie de personnages, son flirt avec l'absurde et le fantastique, et son côté tellement humain. 

Pour en revenir à l'écriture, j'essaye avant tout de me laisser guider par mes personnages, en effet, de ne pas partir sur des idées préconçues dans lesquelles j'essayerai de les faire rentrer au forceps. Mais je ne pars pas dans le vague pour autant, au contraire, j'entasse les notes en amont pour connaître à fond mes personnages et mon univers, pour que dans l'idéal je les sente vivre, pour que je les suive d'instinct, presque sans réfléchir ( dit comme ça, ça fait un peu mystique, sans doute... pourtant j'étais très rationnelle avant d'être auteur...) . Et au-delà, je travaille aussi la cohérence de l'histoire, son rythme, ses grandes lignes de tensions, je gère le suspense et les énigmes de mon récit en revenant souvent sur mes synopsis, sur mes frises chronologiques... J'écris beaucoup de synopsis, de fiches et de frises, qui évoluent ensuite au fil du temps, au fil de ce que m'apportent et de ce que m'apprennent mes personnages.

Pour ce qui est du style, là non plus, je n'ai pas trop de méthode. Je lis beaucoup - très bon pour le vocabulaire, au passage^^. J'écris pas mal de nouvelles. Les nouvelles sont un véritable laboratoire pour tester des genres, des phrases, des sonorités, pour travailler un concentré de style et d'atmosphère. Et j'écris, je réécris, parfois des chapitres entiers, surtout les premiers chapitres, plusieurs fois s'il le faut, pour trouver le ton propre à chaque livre. J'ai la chance aussi d'avoir les conseils de Xavier Mauméjean ( un grand auteur et un très bon directeur littéraire) pour mes premiers livres, il m'a vraiment aidé à trouver ma voix. Aujourd'hui, mes éditeurs et mes bêtas-lecteurs ont pris la suite (en bêta-lecteur, mention spéciale à Jérôme, qui m'a fait passer plusieurs mois sur les premières pages de "Givre", jusqu'à ce que la voix de Chet sonne juste, jusqu'à ce qu'on entende vraiment sa voix )

Sur ce, café !

7 commentaires:

Les lectures de Licorne a dit…

C'est encore Licorne ! bonsoir Estelle
J'ai fini les seigneurs de Bohen et ma chronique a été extrêmement dure a écrire a cause d'un foisonnement de pleins de choses ! J'ai beaucoup de mélancolie à la suite de cette lecture magnifique, sans doute parce que ces héros ont tous un lourd passé et qu'on ressent ce poids en avançant dans l'histoire. On ne sait pas non plus quel va âtre le destin de certains. Qu'as tu ressenti toi même en écrivant les dernières lignes de ce roman ?

voici ma chronique : http://fanfanlatulipe85.blogspot.fr/2017/03/les-seigneurs-de-bohen-estelle-faye.html

Lemontdesrêves a dit…

Bonjour Estelle ! Félicitations en tout cas pour les seigneurs de Bohen, l'univers est incroyable ! Alors j'ai quelques questions et je vais toutes les mettre ici comme ça ! Les seigneurs de Bohen, c'est clairement une époque charnière dans l'Histoire (with a big H). De quelles périodes historiques t'es-tu inspirées ? Quel a été le travail de recherche documentaire en amont ? Te sens-tu, en tant qu'auteure, responsable devant le lecteur de l'Histoire que tu écris et du parallèle avec notre Histoire ? (Heu c'est compréhensible ?)

J'ai aussi beaucoup apprécié ton roman post-apocalyptique, Un éclat de givre. Encore une fois, un univers science-fictionnel particulier. Comment est-il né ? J'ai beaucoup apprécié ce Chet rêveur, nostalgique, poétique. D'où vient-il ? Et comptes-tu te remettre à écrire de la science-fiction ?



Mariejuliet a dit…

Ah chouette très bonne nouvelle pour polar et thriller et space opera ! Tu vas vraiment faire tous les genres :-D

Mais avant ça, j'ai une déclaration : ce n'est pas possible!!!!! Tu ne peux pas nous laisser comme ça après les seigneurs de Bohen!!! Que deviennent Saint-Etoile et Mord et les filles de l'empereur ????

Unknown a dit…

Bonjour Estelle,

Promis je ne vais pas encore te dire à quel point Un éclat de givre m'a marquée (si vous ne l'avez pas lu, qu'attendez-vous ?!) ^^.

En regardant les questions et les réponses, j'ai vu apparaître le nom de Racine qui est l'un de mes dramaturges préférés. Comme tu as fait du théâtre en tant qu'actrice et metteur en scène, je voulais savoir si pour toi lire des pièces était une aberration (okay, le mot est un peu fort). Pour ma part, j'ai bien du mal avec les représentations et étrangement, je ressens davantage le pouvoir des mots lors de ma lecture. Sinon, quels sont les dramaturges ou les pièces qui t'ont le plus marquée ?

Je reviens à l'écriture et ma question rejoint plus ou moins des questions précédentes. Je voulais savoir, lorsque tu écrivais une scène, si tu savais déjà avec précision ce qui s'y passait - quitte à faire des modifications si une nouvelle idée surgissait - ou si tu avais une idée plus ou moins vague et qu'ensuite tu te laissais porter par tes personnages ?

Et je finirai sur un point qui me rend réellement admirative : ton style. Tu réussis à le rendre vivant, incarné à tel point qu'on a l'impression en te lisant que les mots s'imposent à toi et que tu te dois les retranscrire. C'est d'ailleurs ce qui pour moi fait la force de tes romans. Je sais que tu réécris plusieurs fois tes débuts de roman pour trouver la justesse des phrases mais t'arrive-t-il de devoir prendre davantage de temps au cours de l'écriture ? Y a-t-il des passages qui te posent problème ou le reste coule-t-il de source ? (Je ne sais pas si je suis vraiment claire pour le coup...) Et comment fais-tu pour avoir autant de vocabulaire :o ? Chaque fois que je lis un de tes romans, je suis certaine de découvrir de nouveaux mots (ce que j'adore, j'ai un carnet exprès) !

En attendant tes réponses, je te souhaite que le café coule à flot dans tes veines,

Maëlys

Ramettes a dit…

Bonsoir
Me voilà de retour... j'ai posté ma chronique de Thya et j'ai eu un petit moment de flottement pour poser d'autres questions. Après quelques péripéties me voilà plongée dans "Enoch" j'ai bien apprécié que ce soit vraiment la continuité du voyage. Si j'ai bien compris quand tu as présenté ta trilogie à un premier éditeur ta trilogie était complètement écrite ? Il y a un côté Ulysse avec qui les Dieux amusaient et cette question sur le destin que penses tu de cette impression de lectrice ?
Bon week-end !

Ramettes a dit…

Re-bonsoir

La nourriture est assez frugale dû aux conditions de voyage. Mais en lisant ce qui se passait au banquet chez les Nodes (Enoch) j'ai fait le rapprochement avec celui chez le romain (Thya ) et dans les deux cas ça finit mal.. simple coïncidence ? Ou les excès conduisent au drame ?

Ramettes a dit…

Bonjour
Je me demandais si le fait que la voie des Oracles était sortie chez Folio (tome 1&2) avait permis d'attirer un autre lectorat ? Ça tu risque de le voir dans les prochains salons peut-être. Et pas que pour des raisons économiques... Je pense à ceux qui ne vont pas côté jeunesse. Je pense aux librairies qui sont séparées un lieu jeunesse, un autre adulte... exemple Sauramps à Montpellier. ..