mardi 9 mai 2017

AUSSI LIBRES QU'UN RÊVE de Manon Fargetton





Éditions Castelmore
255 pages
5,90 euros


4ème de couv :

En cette fin de xxie siècle, la loi des Dates de naissance régit l’accès aux métiers. Né en janvier, vous avez accès au métier de vos rêves : acteur, chanteur, tout est possible. Né en décembre, préparez-vous à racler le fond de l’océan et à plonger les mains dans des algues gluantes !
Minöa et Silnëi sont soeurs jumelles, nées à quelques minutes d’intervalle la nuit du 31 décembre. La première à 23 h 58 et la seconde à 0 h 17 ! La tyrannie des Dates de naissance leur promet des destins radicalement différents, mais cela ne les empêchera pas d’unir leurs forces
pour combattre l’injustice et l’ordre établi, aidées par Kléano, le chanteur rebelle d’un groupe de rock…



L'avis de Dup :

Minöa et Silnëi sont jumelles, nées avec vingt minutes d'écart, mais pas de chance pour l'aînée, il était 23h58 le 31 décembre. À deux minutes près, elle rate le tant espéré mois de janvier ! Parce que dans le monde où elles vivent, l'avenir de chacun est régi par les dates de naissance. Les parents choisissent leur futur métier et les meilleurs choix se présentent en janvier. Inutile de vous dire que dans les dernières minutes de décembre, ce choix est plus que restreint. Minöa est donc destinée à trier des algues sur un chalut alors que sa soeur sera actrice...

Nous sommes en France cependant, mais à la fin du XXIe siècle. En fait la France, l'Europe, tout cela est désormais une mascarade. Ce sont les régions qui ont pris le pas et chacune a son gouvernement. Cette histoire se passe en Bretagne et son président Chan Wallow, au pouvoir depuis plus de 25 ans règne en dictateur, gérant ses "bébés", ses inventions : le CP, Centre de Procréation et les douze écoles qui en découlent, une par mois.

Aussi libres qu'un rêve est le premier roman de Manon Fargetton publié en 2006, elle a tout juste 19 ans. Les éditions Castelmore redonne une seconde vie à ce roman et ils font vraiment bien car ce dernier était devenu introuvable. Dans une ambiance de science-fiction, avec des robots partout, des glisseurs comme moyens de locomotion, l'auteur créé une dystopie singulière et intéressante. Nos héroïnes ont quinze ans et subissent chaque jour le poids de leur destinée imposée, même Silnëi qui pourtant est la mieux lotie.

Le hasard qui fait souvent bien les choses en littérature va poser Kléano sur leur chemin. Kléano est un Novembre qui serait considéré comme un rebelle par le gouvernement en place s'il était au courant que lui et ses potes se permettent de jouer de la musique et chanter en cachette. Ensembles ils vont construire leurs rêves de liberté, et les petites graines de rébellion vont trouver très vite le terreau adéquat pour germer.
Aussi libre qu'un rêve, c'est mon credo, mon cri,
L'aube embrase le ciel et déchire la nuit.
Chaque fibre de mon corps hurle devant ta loi,
Wallow, tu vas tomber, tu n't'en remettras pas.
Ce sont des hommes qui se relèvent,
C'est un signal qui se propage,
Balayant tout sur son passage,
Aussi libres qu'un rêve !
Les éléments vont se précipiter et faire très vite boule de neige. Mais on ne fait pas la révolution sans pots cassés, les dommages collatéraux sont inévitables et déjà à 19 ans Manon Fargetton n'hésite pas à sacrifier ses personnages !

Si Minöa est une fonceuse, Silnëi est une rêveuse, une poète. Deux caractères différents et pourtant l'osmose est bien là. J'ai toujours eu un faible pour les personnages avec ce lien de gémellité si puissant, qui transcende l'amour fraternel. Mais mon coup de coeur est sans conteste pour Kléano, un gamin sympa, touchant et tellement vrai. L'auteur a vraiment su lui transmettre ses envies, ses doutes, ses déchirements tout en préservant sa fougue et sa spontanéité d'adolescent.

On sent pleinement à travers ce texte l'amour de l'auteur pour sa Bretagne natale, sa côte, ses phares, l'océan. J'imagine aisément combien elle a dû rêver intensément posséder le même holo mural que Silnëi ! Mais ce qui m'a le plus bluffée avec ce roman, c'est la maîtrise du rythme instauré. Imperceptiblement les chapitres, puis les paragraphes rétrécissent et précipitent la lecture. Même les grandes parties s'y mettent, la seconde ne faisant que 60 pages sur les 250 du récit. C'est un tout petit roman, on voudrait le faire durer mais c'est impossible !

Décidément je suis fan de cette auteur même si j'irai lui tordre le cou aux Imaginales... Pour moi ce roman est un petit bijou, j'en fais un coup de coeur. Une dystopie vibrante, brûlante, révoltante et pourtant pleine de poésie. Il ne me reste que Les illusions de Sav-Loar à découvrir, je vais donc faire durer le plaisir.




Pour le Défi N°1
le "livre féminin"




4 commentaires:

Boom a dit…

Et bien, tu me donnes vraiment bien envie de découvrir ce roman, j'en prends note sur le champs :D

Regina Falange a dit…

j'ai lu ce roman il y a longtemps maintenant, j'ai la 1ere publication chez mango. et j'avais adoré ! un bijoux comme tu dis. Manon c'est comme midas, tout ce qu'elle touche se transforme en or <3

Phooka a dit…

Je sais ce que je vais acheter (entre autres ...) aux Imaginales!

Anne-Laure - Chut Maman Lit a dit…

C'est une auteur que j'ai envie de découvrir depuis un moment sans trop savoir par quel livre commencer... Celui-ci serait peut être très bien pour découvrir l'auteur! Merci pour cette belle chronique ^^