mardi 13 juin 2017

Interview de Lionel DAVOUST Tome 5



Voici déjà le tome 5, vous pouvez retrouver le début de l'interview ici: 



© Elyra C.


Moi, moi, moi… 

Bon sang, mais qu’est-ce que c’est que ce bruit ? C’est drôle. Ça rappelle les mouettes de Nemo, mais sans le « à » devant. Ça couine et ça piaille, et on dirait même que c’est prêt à rigoler, sans jamais franchir le pas. Une espèce de fausse modestie de pacotille.

Moi, moi, moi… 

Sacré p! de b! de m!, mais d’où ça vient ? C’est continu, tant que je bosse, que j’écris, que je tape. Attends, si je m’arrête un instant d’écrire ce petit texte… Ah, oui, ça s’arrête. Ça fait du bien quand ça s’arrête. Mais là, ça ne s’arrête pas, puisque je tape encore.

      Moi, moi, moi… 

Minute.

Ah, ben oui. Ça vient effectivement de mon… clavier. WTF ? Il est abîmé ou quoi ? Hier, il faisait un bruit parfaitement normal. Et si j’écris autre chose… ? Et puis que je reviens ici… ?

    Moi, moi, moi… 

Fichtrefoutre, alors ça, c’est vraiment bizarre. C’est uniquement en écrivant cette présentation pour Book en Stock que ça me le fait. Dis-donc, le clavier, tu te ficherais pas un peu de ma tronche ?

   Moi, moi, moi… 

Ou… quoi ? Tu me préviens ?

Me préviendrais-tu que toute présentation d’un auteur par lui-même est un exercice éminemment paradoxal, risqué même, car l’écriture est l’une des disciplines où l’individu s’efface le plus derrière l’œuvre, mais où, pourtant, l’ego est le plus développé, car il faut une persévérance digne des plus grandioses mégalomanies pour passer des centaines d’heures sur un même récit, dans une solitude quasi-absolue, et penser malgré tout qu’au bout du compte, ça intéressera quelqu’un ? Et que tu veux ainsi m’éviter de tomber accidentellement dans une logorrhée sans contrôle où, après quatre brouillons ratés, je risquerais d’ériger un monument à ma propre gloire avec la plus honnête des intentions, ce qui serait peut-être excusable, mais fortement gênant pour tout le monde, sans parler de l’ennui que cela ne manquerait pas de générer ? C’est ça que tu me dis, clavier ? Heureusement que je t’ai compris, dis ! Je suis bien content d’avoir regardé tant d’épisodes de Flipper quand j’étais môme, où les humains comprenaient comme par magie aux couinements du dauphin le fin mot de l’histoire trente secondes avant la fin de l’épisode et réglaient tout d’un coup.

Trente secondes, il se trouve que c’est exactement le temps qu’il me reste pour remercier Dup et Phooka de nous héberger tous collectivement pour ce mois. Car cela me touche beaucoup et me fait très plaisir que nous puissions nous rencontrer et discuter ainsi. Merci !

Et je suis bien content aussi, finalement, d’avoir ce clavier qui couine. J’espère arriver à t’écouter aussi longtemps que possible, copain. Tiens, voilà une sardine !
Hum.
Bien. Super. Non, mais, OK, d’accord.

Maintenant, il y a une sardine sur mon clavier. 






********************









Coucou Lionel, Grand Maître des Océans,



Arf ma question est passée à la trappe sur le sujet précédent, c'est parce qu'elle était trop courte, noyée dans les autres. Du coup je vais faire un gros message ;)



Donc question 1) Quel univers préfères-tu explorer : celui de la Voie de la Main Gauche (Leviathan) ou celui d'Evanégyre ? Et d'ailleurs, à quand des Orques sur Evanégyre ? Ils me manquent !!!



Ensuite, je rebondis sur ta réponse à Amarüel Tribulation, car justement je viens de terminer les deux textes de La Route de la Conquête où l'on aborde cette magie de la mémoire (super idée d'ailleurs, c'est génial). Est-ce que c'est en abordant ces sujets dans ces nouvelles que tu as eu l'idée d'aller encore plus loin avec la Vendeuse ou bien cette notion de Transfert était déjà là dès le départ pour toi ?

C'est en tout cas très beau et triste à la fois.



Finalement je garde mon autre question pour plus tard (on est que le 08 après tout, on va avoir au moins 10 tomes XD)



Lionel



Oups, pardon d'avoir zappé ta question !
Les deux univers ont une approche très différente (même si la Voie de la Main Gauche a tendance à s'"évanégyrer" avec le temps). À la base, la Voie est très centrée autour de l'histoire de Léviathan (à laquelle je projette de revenir, un jour) avec une série et une fin que j'ai déjà. Évanégyre, au contraire, a cette approche modulaire avec de multiples points d'entrée. Donc c'est vraiment très différent, et à cela s'ajoute le fait que je ne suis pas revenu vers la Voie depuis cinq ans maintenant. Mais à mesure que je travaille sur Évanégyre, je commence à considérer d'éventuels récits dérivés, indépendants eux aussi, qui pourraient se greffer sur la Voie.
Je n'ai pas de plaisir plus important dans un cas ou dans l'autre, cela correspond donc plutôt davantage à l'envie et à l'approche du moment. Je suis un mélange bizarre d'intérêts (trop) multiples (pour mon bien) et de fonctionnement terriblement mono-tâche. Donc, j'ai tendance à me plonger au long cours dans un projet (comme en ce moment la trilogie "Les Dieux sauvages", ou "Léviathan" à l'époque) en détestant les distractions, tout ce qui m'en écarte, parce que je deviens obsessionnel-compulsif, mais après, je suis ravi d'aborder autre chose, de me lancer un nouveau défi, pour redevenir obsessionnel-compulsif, mais différemment.


Les orques sur Évanégyre, je ne sais pas. J'essaie d'encadrer au maximum mon inspiration maritime parce que ce serait une solution de facilité de toujours y revenir et de de m'appuyer sur ces symboles. J'aurais en plus l'impression de mêler Léviathan à Évanégyre alors que je veux garder une approche consciemment distincte. Il y aura probablement des bestioles marines, bien sûr. Mais la fantasy me donnera peut-être l'occasion de jouer avec des espèces fictives, du coup ;)


Merci beaucoup pour ton appréciation du thème de la mémoire en filigrane de la Route de la Conquête, je suis très content que les variations sur le motif t'ait plu ! Alors en fait, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit. Port d'Âmes (qui ne portait pas encore ce nom) est resté dans mes cartons extrêmement longtemps, parce que je n'avais pas encore assez de savoir-faire, à mon sens, pour servir convenablement cette histoire (les toutes premières amorces de cette histoire datent de 2007 ; le roman maintenant publié a été réécrit aux trois quarts en 2015, une fois que j'ai compris ce que je devais faire, et doit correspondre à la troisième version). Il me semble que, en termes d'écriture, "Bataille pour un souvenir" a été le premier germe de ce thème. Port d'Âmes a suivi et il s'y est trouvé énormément de choses qui ont été codifiées, vitales dans la construction de certaines fondations de l'époque impériale et post-impériale (et m'a aussi donné l'amorce de ce qui devait devenir "Les Dieux sauvages"). Avant même d'avoir écrit une seule histoire, les événements de ma chronologie maîtresse portaient déjà en filigrane cette question du rapport à l'histoire ; mais ce livre a fait émerger cette notion de mon inconscient, m'a montré combien Évanégyre aurait un rapport symbolique récurrent à la mémoire (petite échelle) et à la perspective historique (grande échelle), et m'a donné un outil de narration avec lequel jouer quand cela tomberait bien. Pour la petite… euh… histoire, la phrase de la Vendeuse dans Port d'Âmes où elle dit que la litanie servait autrefois à la communion, à l'échange, était présente dès le tout premier jet il y a maintenant dix ans. Évanégyre se construit beaucoup comme ça ; avec des intuitions, des directions dont je sais qu'elles m'attirent, mais dont j'ignore la réelle teneur avant d'y aller. C'est un peu un processus constant de découverte de ce que mon inconscient veut me voir dire, de ce qu'il structure dans l'ombre sans que je ne le sache. J'ai parfois des surprises vertigineuses, comme quand, à l'écriture d'"Au-delà des murs", des années après "Bataille pour un souvenir", j'ai découvert que le personnage principal du second texte était cité au détour d'une phrase du premier, alors que je n'imaginais pas un seul instant à l'époque que je reviendrais à cet événement. 







Re-Re bonjour Lionel,

Alors pour reprendre notre conversation où tu me parlais de tes auteurs favoris, j’ai été aussi profondément touchée par les princes d’ambre, j’avais 20 ans quand j’ai lu toute la saga, et il y a quelques temps, j’ai voulu les relire, je n’ai pas pu passer le cap des 10 pages … glups ! j’ai trouvé que cela avait profondément vieilli, jusqu'au style que je trouvai bizarre. Alors je n’ai pas insisté de peur d’enlever tous les bons souvenirs et le plaisir que j’avais tiré de cette lecture ! Alors, quand on est auteur et assez philosophe comme toi ! Est ce qu’on s’interroge sur la pérennité de ses écrits ? sur leur devenir ?



Et puis rien à voir avec le pâté ! mais je voulais savoir si tu étais bien au salon de Comper au Centre Arthurien de Broceliande le 22 et 23 juillet, car j’irai peut-être bien faire un tour le dimanche, ca fait un peu de kms de chez moi, mais s'il y a pleins d'auteurs chauves et sympas, en plus de Nathalie Dau qui est annoncée ... ca vaut le coup de faire la route !



Merci d’avance pour les réponses et bonne continuation pour les questions !




Lionel


Je crois que je garderai une tendresse éternelle pour Ambre. Je me demande aussi dans quelle mesure la traduction a pu vieillir. Je relis beaucoup de nouvelles de Zelazny en ce moment, en anglais, et sa langue a énormément d'impact, mais c'est une gageure à traduire tant ses phrases, le choix de ses mots, sont polysémiques. Rien ne vieillit aussi vite qu'une traduction, hélas ; et ce n'est pas la faute des traducteurs, c'est la malédiction de l'exercice.


Sur la pérénnité des écrits : non, je n'y pense pas. Plus exactement, j'ai fait la paix avec cette question depuis longtemps : rien ne me survivra très probablement, et il en va ainsi de l'écrasante majorité de mes camarades, car il en va ainsi de l'écrasante majorité de tous les écrits de toutes les époques. Cela me va très bien, car en fait, je trouve la recherche de la postérité empreinte d'une vanité qui, personnellement, me terrifie. Tous les créateurs ont, forcément, une mesure d'ego qui propulse leur travail et leur permet de vaincre la peur et les difficultés innombrables de l'exercice au quotidien. Mais – et encore une fois ce sont mes réponses, pas celles du voisin, le voisin fait ce qu'il veut –, il me semble que dès que l'on fait passer l'ego avant les autres considérations relatives à la qualité de la création, à l'humilité salutaire que l'on doit avoir face à l'impact nul que l'on aura très certainement, on se trompe de métier, et on se trompe de cible. Pourquoi écrit-on ? Pour être beau dans le miroir ? Pour la reconnaissance ? Je déteste ce terme. La "reconnaissance" de l'auteur. L'auteur n'est rien. L'auteur a écrit des bouquins qui, s'il a vraiment de la chance (car la postérité est aussi une affaire de chance), lui survivront un peu. Mais qu'en sait-il ? Il sera mort : donc soit il n'en saura strictement rien, soit il s'en foutra royalement parce qu'il aura accédé à un niveau supérieur de [insérez votre hypothèse de transcendance ici]. Je pense que l'auteur devrait s'efforcer de contribuer quelque chose à ce qui l'entoure, avec la juste humilité qui consiste à dire : tout ceci sont des histoires, c'est de la littérature, et ça n'est ni plus, ni moins important que toute littérature ; mon travail peut être important, mais il n'est pas tout, et ne sera jamais tout pour personne ; donc autant qu'il ne soit pas tout pour moi, parce que le jour où le réel me rattrapera, tout ce qui arrivera, c'est que je me ferai très mal en découvrant que le reste du monde est très meuuuchant. Alors, autant que je m'épargne ça tout de suite.


Cela ne veut pas dire que l'écrit ne sert à rien. Dans toute époque, en particulier la nôtre où la production de récits est pléthorique, il existe quantité d'auteurs dont le vaste monde n'a pas entendu parler ; dont on lit un, deux livres, sur les cinquante ou plus qu'ils ont produit dans leur vie ; ce sont tous les oubliés auxquels je faisais référence plus haut. Mais qu'est-ce qui compte ? Qu'on se souvienne de vous en tant que personne, ou que vous ayez contribué à la vaste conversation de la littérature ? Les livres qui changent une vie existent, mais ils sont rares ; de plus, ils dépendent éminemment du moment où on les rencontre. La seule espérance réaliste, à mon sens, et déjà une bénédiction immense si elle parvient à se produire, c'est d'avoir pu toucher quelques centaines, milliers de personnes (c'est déjà immense) ; et par-là, de s'être inscrit dans la vaste conversation de l'humanité, d'avoir apporté une toute petite pierre sur un chemin, une pierre qui sera de toute façon très vite anonyme, car une réflexion se construit sur la durée, et elle est faite de centaines, de milliers de pierres, qui sont des films, des livres, des jeux vidéo, des rencontres humaines, des discussions, etc. Pouvoir éventuellement s'inscrire dans ce cheminement, pouvoir être une voix dans la multitude, est déjà un honneur, une chance, une responsabilité. Le nom s'efface, seule la mouvance reste, et elle est composite par nature. Et c'est exactement ce que nous faisons ici ; nous discutons, vous me poussez à réfléchir à la manière la plus claire et la plus honnête de parler de littératures, d'univers, de création, et en retour, je découvre ce qui vous anime, vous interroge, j'appréhende comment vous recevez les livres et le reste; tout ça, c'est contribuer à cette grande conversation de l'humanité. Merci donc d'être là, et merci à Phooka et Dup de l'avoir rendu possible. :)


En un mot, la pérénnité me paraît une dangereuse poursuite, et absurde, car si on la regarde bien, on l'a déjà atteinte dès qu'on a pu toucher une seule personne au-delà de soi. L'art, l'humanité, la création, c'est un océan, et nous ne sommes tous que des gouttes. Toute autre chose est une incroyable bénédiction qui ne dépend pas de nous, et je m'efforce de ne pas me soucier de ce qui ne dépend pas de moi, parce que ça ne sert strictement à rien.


Et alors, le pâté, c'est bon, chauve, c'est la classe, et oui, je serai à Comper ! Donc viens, ça vaut le coup (mais pas nécessairement parce que je suis là, hein). Mon petit doigt me dit qu'un commentaire relatif aux dédicaces se trouve plus bas, j'y reviens donc. :)



Xapur


Salut Lionel !

Toi qui est très geek et décortique beaucoup le processus d'écriture (merci pour tes interventions, masterclasses, articles de blog et autres podcasts^^), comment fais-tu pour garder de la spontanéité et ne pas faire de l'écriture une "mécanique", ou en tout cas que celle-ci soit invisible pour le lecteur ?



Lionel



Merci Xapur, content que cela puisse t'être utile !
Je vois la technique non pas comme une fin en soi mais comme une façon d'élargir la trousse à outils. Et la clé, la finalité à garder en ligne de mire, c'est l'histoire, l'effet, l'émotion ; il vient un moment où la technique doit s'oublier, ou du moins s'internaliser suffisamment pour devenir inconsciente et libérer la créativité. C'est comme en musique ; certains travaillent la virtuosité avec obsession, mais je pense que la virtuosité seule est profondément assommante (et vaine). Ce qui compte, c'est l'effet ; la technique te permet de repousser tes limites et de t'affranchir le plus possible de tes propres contraintes pour réaliser ce dont tu as vraiment envie et ne plus laisser comme barrières que ta volonté et ta persévérance (et non ta compétence pure). C'est ainsi que je la vois ; si je veux jouer un solo compliqué, je peux le faire (ou apprendre à le faire s'il n'est pas encore à ma portée) ; mais si je ne fais que des solos compliqués, c'est fatigant. Quel que soit la discipline, je pense que la technique ne fournit que le savoir-faire – ce qui peut être capital, mais ne reste jamais *que* du savoir-faire. À la base, il y a des envies, des inspirations, des questionnements, et tout ce que te donne la technique, c'est davantage de moyens pour les servir au mieux et, pour te répondre plus précisément, de façon toujours plus invisible à mesure que tu assimiles et domines tes outils. C'est un processus constant ; on en parle dans l'épisode 18 de Procrastination, d'ailleurs, sur le fait que l'apprentissage de l'écriture suit peut-être une courbe en cloche – d'abord, tu apprends à faire et à dire, et ensuite, tu apprends à ne pas dire et au contraire laisser imaginer. Mais je pense qu'on ne peut s'affranchir et dépasser ce qu'on a appris (ce qu'on doit faire, d'ailleurs) qu'une fois qu'on l'a appris. Le plus grand piège de la technique, c'est d'attirer l'attention sur elle-même : regarde ce que je sais faire ! Regarde comme je suis intelligent ! Sauf que ça n'est jamais ça, la finalité ; ça, c'est de la masturbation intellectuelle. La finalité, je pense, c'est de faire toujours mieux, soit de façon toujours plus transparente (pour le lecteur) et avec toujours plus d'aisance (pour soi), ce que l'on ambitionne de faire. 











Merci Lionel pour toutes ces informations qui me permettent d'avancer ;) à tous niveaux, et je te vois bien en bonze bouddhiste sur un prochain salon lol :p



Lionel



Avec plaisir !
Par contre, le safran ne me va pas du tout. :p





Zina 



Bonjour Lionel,

Je viens de découvrir ton univers pour la première fois avec Port d'âmes, et ce que j'en ai vu m'a vraiment donné envie d'en découvrir plus. J'ai d'ailleurs vraiment trouvé Aniagrad intéressante, et je me demandais si tu pensais y revenir un jour ? (ou si tu y es déjà venu, étant donné que je n'ai pas encore lu tes précédents livres).

Amarüel m'a piqué ma question sur la chronologie d'Evanégyre, mais ta réponse m'a interpellée sur un point : tes livres ne suivent pas de chronologie linéaire, pourquoi avoir voulu retourner dans le passé avec La messagère du ciel ?

D'autre part, Port d'âmes m'a rendue très curieuse de l'empire d’Asrethia et de ses anges, mais si j'ai bien compris ceux-ci n'apparaissent finalement que très peu dans tes écrits, même dans les 2 premiers romans, c'est bien ça ?

Merci à toi !




Lionel



Merci beaucoup Zina, content que tu aies apprécié ton voyage dans les ruelles troubles d'Aniagrad !
Hmm. Je ne vais pas spoiler, mais Aniagrad est évoquée ailleurs dans ce qui est publié, quoi qu'en passant, et de façon un peu oblique. Le problème avec les villes anciennes, c'est qu'elles peuvent changer de nom, et le problème avec les cataclysmes, c'est qu'ils changent la géographie… ;)
Oui, je compte tout à fait y revenir. Je ne sais pas du tout quand ; mais j'ai très envie d'en parler davantage, tant de son passé (et de sa fondation) que de son avenir après Port d'Âmes. Cette ville est un pivot de beaucoup de choses, avec une histoire très complexe, qui a muté, changé, évolué au fil des… millénaires ? :p


Pour la chronologie, comme les livres ne suivent pas de progression linéaire, justement, cela me permet d'aborder la séquence par n'importe quel bout et d'aller où et quand je veux, selon le projet qui me semble le plus mûr, le plus intéressant à ajouter à ce qui existe déjà et qui me présentera un défi qui me fait envie. Je disais plus haut que l'envie des "Dieux sauvages" est née en 2007 au moment des premières versions de Port d'Âmes ; mais je savais que, d'une, il me fallait d'abord installer l'univers pour les lecteurs, pour qu'ils me fassent confiance sur ma capacité à conduire ce projet à terme ; de deux, je n'avais pas du tout la compétence d'écriture nécessaire à l'époque pour jongler avec un truc aussi vaste. De manière générale, je vois un peu Évanégyre comme un set de DJ. Dans le cadre d'un livre donné, mais aussi d'un livre à l'autre pour les lecteurs qui lisent tout dès la sortie, je m'efforce de proposer ce qui me semble pertinent en terme de nouveauté, d'ambiance, de variation ; une sorte de voyage. Par exemple, après La Route de la Conquête, je tenais absolument à retravailler et finir Port d'Âmes pour montrer qu'Évanégyre, ce n'était pas juste l'Empire (une seule ère parmi cinq), ni des récits de guerre steampunk ; qu'il y avait bien d'autres choses, et que cela ferait sens sur la durée. Cela a surpris certains fidèles de l'univers, c'est vrai, mais quand je vois votre enthousiasme (et le tien) alors que vous découvrez pour certains ce récit, je suis content car cela montre que c'était bien la chose à faire : Évanégyre est bien plus vaste. Et maintenant, comme je disais dans une des réponses précédentes, cela me permet de déclarer, non pas : lisez Évanégyre comme une série, mais : Évanégyre est un monde, et le premier livre pour commencer dépend totalement de vos goûts et inclinations, parce qu'il s'y passe des (maintenant) dizaines d'histoires différentes de toutes tailles et de toutes envergures, et c'est vraiment ce que je veux arriver à faire : m'efforcer d'appréhender toute l'insondable complexité du monde (donc, en vain) à travers un autre, qui me dépasse de plus en plus d'ailleurs.


Les Anges ne sont donc abordés en effet que dans une seule nouvelle à l'heure actuelle, "Le Guerrier au bord de la glace" dans La Route de la Conquête. En fait, il me vient à l'instant qu'on les mentionne aussi (sans les voir) dans "Le Plateau des chimères" paru (et seulement disponible actuellement) dans Fées et Automates, l'anthologie des Imaginales de 2016. Par contre, La Volonté du Dragon et La Route de la Conquête traitent en effet tous deux de l'époque impériale au sens large. 






Ramettes 



Bonjour, j'ai appris par un message de Laurent Whale qu'il venait au Barcares à un festival du polar et du livre d'aventure. .. en cherchant des info j'ai vu apparaître le nom de Lionel Davoust. .. alors ma demande est la suivante. .. amis auteurs quand c'est votre mois de... donnez les dates des salons à venir ! Qu'on puisse prévoir. ..


Lionel


Je crois que nos gentilles organisatrices ont reçu le message et n'y manqueront pas par la suite :) Pour ma part, j'aurais trouvé inconvenant de dire, alors qu'on discute tranquilles, presque intimement, au coin de feu : "ET AU FAIT VENEZ TOUS ME VOÂR je suis en tournée mondiale de la France, voici les dates" :) Mais merci Ramettes, et content que tu aies pu te joindre à nous le week-end dernier !

Alors du coup, comme Licorne le mentionne, je serai à Comper. De manière générale, qu'il soit dit que mon agenda est toujours tenu scrupuleusement à jour sur le site, directement à cette adresse : http://lioneldavoust.com/agenda





Ramettes



Bonjour

Merci j'ai passé un excellent week-end entre autre grâce à notre rencontre (sans parler de Laurent et Olivia) au Festival du polar et livre d'aventure du Barcares. Question

Tu fais souvent des salons avec Laurent Whale ? Vous formez un duo terrible ! Vous désirez toujours comme ça où c'était de voir la plage et de devoir rester à Bord de la croisière s'amuse.

Comment fais tu pour te remettre au travail au retour ? Avec ou sans coup de soleil.

Comment as-eu eu vent de cette 2e édition?





Lionel



Aaaah c'est super ! Nous aussi, on était très contents de vous rencontrer toutes les deux ! 
Oh, voui, nous désirons beaucoup. :p Ah ! Délirer ! Je crois que oui :) Nous sommes tous les deux chez Critic de très longue date, et donc des camarades de salons, dédicaces, et plus généralement de l'imaginaire depuis longtemps ! On partage les plaisirs, les joies et les difficultés du métier, et évidemment les moments "off", ce qui forge des amitiés au long cours. Et puis Critic est aussi une grande famille, où nous avons un peu tous à la fois la même passion pour la littérature et le même genre d'humour pourri. C'est la combinaison gagnante. :p 



Je n'ai pas de coup de soleil, merci beaucoup : je l'ai évité avec succès pendant tout le week-end :p Pas trop de difficulté à me remettre au travail parce que j'ai pris l'habitude d'écrire tous les jours, un peu quand je suis en salon ou en vacances (mais tous les jours, sans faute, quelle que soit l'heure), beaucoup (évidemment) les jours normaux, ce qui fait que je ne déconnecte jamais de mon univers et de mes personnages (et c'est le but). L'écriture est un muscle et je ne veux jamais m'arrêter parce que, comme pour l'exercice physique, c'est toujours douloureux de s'y remettre – et en plus, plus on pratique, plus on veut pratiquer. Je suis dans ce cas, cette simple habitude m'a forgé une merveilleuse addiction à l'écriture et ne pas toucher mon histoire du tout pendant la journée me crée une sorte de manque. (Après avoir dû lutter contre la peur et la procrastination des années, je suis ravi.) Si ça t'intéresse, j'en ai parlé tout récemment en détail ici http://lioneldavoust.com/2017/la-seule-habitude-indispensable-toute-pratique-creative/




J'ai eu vent de ce festival à travers le Centre Méditerranéen de Littérature, qui m'avait fait venir à quelques-uns de ses événements quand j'étais étiqueté thriller avec Léviathan ; avec la mise en avant de la fantasy à Barcarès, ils m'ont proposé de venir. Un festival sur un bateau ? Au bord de la mer ? What's not to like ? :) 



9 commentaires:

Phooka a dit…

Bonjour Lionel,

Te verrais-tu (ou as tu déjà fait) écrire sur commande? Avec un sujet imposé, une trame décidée?
Et te verrais tu écrire dans un autre domaine (qui ne soit pas SFFF ou thriller)? De la romance en Evanegyre ...

Nath Aely a dit…

Bonjour Lionel,
Souvent dans la fantasy les scénarios alternent les points de vue, comment faites-vous, les auteurs, pour faire avancer vos personnages dans ce cas?
Vous préparez un plan avec les chapitres de chaque personnage puis vous écrivez tout l'un d'abord puis tout l'autre ou chacun prend sa place petit à petit?
Que se passerait-il si un lecteur décidait de ne lire d'abord qu'un personnage??
J'ai mal dormi lol ce sont les questions supra existentielles qui en sont ressorties lol, désolée ;)
Et sinon j'ai commencé la messagère du ciel et j'aime beaucoup même si, au vu que quelques événements persos, je suis moins assidue que je ne le souhaiterais. Mais l'évasion est là en tout cas et j'en ai besoin.

Les lectures de Licorne a dit…

Ben c’est pas la moitié d’une réponse ça ,merci Lionel. Ta vision des choses est sereine et cette humilité est toute à ton honneur !
Si une dame « Licorne » se présente à ton stand au chateau de Comper, tu ne seras donc pas surpris, et ce ne sera pas « si incongrue » que ça d’ailleurs au pays de l’imaginaire Arthurien ! je vais faire mon possible pour venir te saluer et continuer cette discussion intéressante sur le pâté !
En attendant je vais travailler sur la chronique de ton livre !
Tiens d’ailleurs, est ce que tu te balades sur les blogs pour connaitre un peu ce qui se dit sur tes romans !?
Belle journée

Snow a dit…

OMG, de la romance en Evanégyre... me voilà en train d'imaginer ça version Harlequin ! (avec la couverture qui va bien ! )

Snow a dit…

Me revoilà !
Bon les évènements actuels font que j'avance peu dans ma lecture, mais ça avance ^^
J'ai été réveillé (littéralement) cette nuit par une question existentielle sur tes livres.
Pourquoi seul le premier tome de Léviathan est en poche (ça n'a pas assez fonctionné pour sortir la suite ? )
Et pourquoi seul Port D'Âmes est aussi en poche ? (les autres mériteraient aussi d'être "pochisé" et atteindre un nouveau public ;) )

J'imagine bien que la version poche n'est pas forcément de ton ressort mais, j'ai une impression générale comme quoi l'imaginaire a du mal à sortir en poche (et donc reste assez peu abordable... parce que oui c'est cher un GF) , même si du coup le numérique y est plus "démocratisé" et abordable ^^ Mais comme tout le monde ne lit pas encore en numérique (ou ne veut pas se lancer ;) ) Je me pose la question.

Unknown a dit…

Hello Lionel !
Question toute bête : le nom de Rhuys, une référence à la presqu'île ?

Dup a dit…

Autre question toute bête : d'où vient le nom d'Évanégyre ?

paikanne a dit…

Bonjour,

Je m'en viens (enfin) déposer le lien de mon billet sur Port d'Âmes et me voici en train de lire un roman dans ce "mois de..." ;-)

http://paikanne.skynetblogs.be/archive/2017/06/03/port-d-ames-lionel-davoust-8736254.html

Les lectures de Licorne a dit…

http://fanfanlatulipe85.blogspot.fr/2017/06/port-dames-lionel-davoust.html