mercredi 29 novembre 2017

D'OMBRE ET DE SILENCE de Karine Giebel





Éditions Belfond
280 pages
16 euros



4ème de couv :

« Partir sans lui dire au revoir. 
Parce que je me sens incapable d’affronter ses larmes ou de retenir les miennes.
L’abandonner à son sort.
Parce que je n’ai plus le choix.
Je m’appelle Aleyna, j’ai 17 ans.
Aleyna, ça veut dire - éclat de lumière.
J’ai souvent détesté ma vie.
Je n’ai rien construit, à part un cimetière pour mes rêves.
Là au moins, on ne pourra pas me les voler. »

D'ombre et de silence réunit 8 textes, dont certains inédits ou très confidentiels.





Ma lecture du précédent roman de Karine Giebel remonte à mars 2016. Presque 18 mois que je n'avais pas eu ma dose ! Inutile de vous dire que je me suis ruée sur sa nouvelle parution malgré l'affreux gros mot sur la couverture, sous le titre : Nouvelles ! Rha ! Je n'aime pas trop les nouvelles, la plupart du temps elles me frustrent. Mais bon, j'étais en manque alors...

Et alors ? Et bien, résultat des courses : frustrée je suis. Huit fois frustrée même ! Parce que cette auteur a la faculté de m'attacher à ses personnages en quelques pages seulement. On démarre une nouvelle et on est pris dans l'engrenage. Les mots tapent, les phrasent frappent. Notre coeur se serre, ou on stresse, voire les deux, mais inexorablement on poursuit, maso que nous sommes. Et comme souvent Karine dénonce, les violences faites aux femmes, les abus de pouvoir, les erreurs de justice...

Aleyna :
Une jeune turque de 17 ans, bien intégrée, qui vient d'apprendre qu'elle est promise en mariage. Elle ne l'a jamais vu, il est bien plus âgé qu'elle, il va venir de Turquie cet été pour la chercher. Le poids des coutumes, la violence familiale qui en découle. Elle fait mal celle-ci, car elle est à la fois tellement véridique et tellement ignorée alors que ça se passe partout autour de nous...

Aurore :
L'auteur y dénonce la maltraitance scolaire, le harcèlement physique et psychologique qui existe au sein des collèges/lycées. En accentuant le trait, oh si peu. En exacerbant les conséquences à l’extrême. Elle frappe fort et m'a beaucoup remuée cette nouvelle.

Ce que les blessures laissent au fond des yeux :
La plus grosse des nouvelles en terme de nombre de pages, la plus grosse également en terme d'impact psychologique. Elle m'a lessivée celle-ci. Avec ce texte Karine Giebel montre tout ce que l'on peut faire ou supporter par amitié, par amour pour ses enfants, c'est terrible. Et le corollaire encore plus terrible, ce que certains pourris savent et utilisent. Auraient-elles pu être sauvées par un #balancetonporc ?

J'ai appris le silence :
Une erreur judiciaire, la plus lourde des condamnations, puis 20 ans après le vrai coupable est serré. 2 ans encore pour être rejugé, acquitté et "remboursé". 22 ans de haine et largement le temps de peaufiner un plan. La vengeance dans ce qu'elle a de plus glaçant. Tout comme la chute d'ailleurs...

L'été se meurt :
Une douche froide en seulement 11 pages. Karine nous propulse dans la tête d'un psychopathe obsessionnel. Et là on pense très fort à la fausseté de l'adage "ça n'arrive qu'aux autres".

L'homme en noir :
A peine plus longue que la précédente, cette nouvelle reprend le thème de l'obsession, mais cette fois ci l'auteur remonte à la cause pour lier le tout. Terrifiantes conséquences d'un traumatisme psychologique non soigné.

L'intérieur :
Harcèlement sexuel au boulot, chantage au CDD, besoin absolu de ce job pour subvenir aux siens qui ne dépendent que d'elle : un fils ado, une soeur dans la panade. Virginie se laisse faire mais sombre après des viols répétés. La relation mère-fils est transcendée dans cette nouvelle, tellement prenante en si peu de pages. Wow, un sacré tour de force.

Le printemps de Juliette :
La plus courte des nouvelles, 8 pages seulement. Une vague d'amour pour terminer ce recueil, panser nos blessures. Je suis sidérée par la profondeur des émotions que Karine Giebel arrive à faire passer en si peu de mots. Elle reste noire cette nouvelle, entendons nous bien, on est bien loin de la romance hein ! Mais wow, que d'amour !

Voilà, je suis peut-être frustrée, mais je ne regrette absolument pas ma lecture. Et puis je dois souligner que contrairement à d'autres nouvelles, celles de Karine ne se finissent jamais en queue de poisson, nous laissant seul et désemparé comme cela arrive trop souvent. Ok, ses fins sont abruptes, rapides, surprenantes parfois, traumatisants souvent, mais toujours logiques. Karine Giebel reste encore et toujours mon auteur préféré. J'aime ses mots, sa façon de les tourner, ses phrases courtes qui percutent. Son efficacité à me toucher et à solliciter autant d'émotions en moi. J'attends avec impatience le prochain bon gros roman qu'elle nous proposera, bientôt je l'espère.


Un Thriller/Polar pour le challenge de la Licorne !


4 commentaires:

XL a dit…

as tu lu Maîtres du jeu ? court mais bon !

Dup a dit…

Oui. Une chute inoubliable !

Les lectures de Licorne a dit…

Tu lui mettrais quoi ma Dup comme petit note pour le challenge de la licorne ! un 5/5 ? non ! ;)

Dup a dit…

Arf, ces fichues notes !
Je réfléchis et je viens te mettre ça sur LA