lundi 20 novembre 2017

LA FILLE QUI AVAIT BU LA LUNE de Kelly Barnhill





Éditions Anne Carrière
368 pages
20 euros


4ème de couv

Chaque année, les habitants du Protectorat abandonnent un bébé en sacrifice à la redoutée sorcière des bois. Ils espèrent ainsi détourner sa colère de leur ville prospère. Chaque année, Xan, la sorcière des bois, se voit contrainte de sauver un bébé que les fous du Protectorat abandonnent sans qu’elle ait jamais compris pourquoi. Elle s’emploie à faire adopter ces enfants par des familles accueillantes dans les royaumes voisins. Mais cette année, le bébé en question est différent des autres : la petite a un lien étrange avec la lune et un potentiel magique sans précédent. Contre son gré, Xan se voit obligée de la ramener chez elle et de persuader ses amis réticents d’élever cette enfant pas comme les autres. Ils la baptiseront Luna et ne tarderont pas à en devenir gâteux. Xan a trouvé comment contenir la magie qui grandit à l’intérieur de la petite, mais bientôt approche son treizième anniversaire, et ses pouvoirs vont se révéler…








Voici un roman présent dans les parutions chez Anne Carrière qui m'a interpellé  aussi bien par son titre qui m'évoquait un joli conte d'enfance que pour sa couverture qui m'enchantait : la lune, la gamine, le dragon miniature multicolore et la farandole d'oiseaux de papier. Ce fut une sacrée bonne pioche car à l'image de la couverture, le texte m'a lui aussi enchanté. On y retrouve d'ailleurs tous les éléments présentés sur l'illustration.

Un petit village coincé entre un marécage fertile et une forêt dangereuse. Dans cette forêt, les animaux sauvages sont des prédateurs qui n'arrivent pas à la cheville de certains monstres et surtout de la sorcière qui y vit. Une seule route la traverse et cette route est surveillée, protégée par les membres du Protectorat. L'exploitation du marais par les villageois dépend donc entièrement d'eux. Pour obtenir la clémence de la sorcière, chaque année le Protectorat sacrifie le dernier né du village en l'abandonnant dans la forêt. Antain, novice promis à l'ordre ne supporte plus cette mise à mort.

De son côté Xan, la vieille sorcière, ne comprend toujours pas pourquoi ces hommes abandonnent ainsi à date fixe un nouveau-né. Mais qu'importe, malgré son âge avancé, elle se fait un point d'honneur à être là, pas loin, afin de soustraire les bébés aux bêtes sauvages. Puis elle traverse la forêt et les place dans des familles d'autres villages où ces "enfants lumières" sont élevés et aimés comme il se doit.

Seulement avec la dernière en date Xan a fait une erreur. En voulant la nourrir avec la lumière des étoiles, celle ci s'est en fait gavée de lumière de lune qui était alors pleine, se chargeant ainsi d'une grande quantité de magie. Xan ne peut plus la confier, il faut qu'elle la surveille puis lui apprenne la magie.

Baptisée Luna, l'enfant va grandir auprès de Xan, du vieux Glerk le monstre des marais, qui malgré sa taille, ses quatre ou six paires de bras et son immense queue, a tout du papy gâteau, et poète à ses heures. Mais aussi de Fyrian, un dragon qui avait oublié de grandir. Un dragonus minusculus qui se croyait enormus. Ce récit qui démarre comme un conte enfantin va se complexifier et s'enrichir au fil des pages pour devenir un roman féerique et envoûtant qui s'adresse à tous les âges.

Je suis tombée sous le charme de cet univers créé par Kelly Barnhill. Le côté très sombre de ce village qui ploie de tristesse sous la fatalité, le côté cynique de ses dirigeants. Et l'autre versant, solaire, lumineux, autour de Luna et ceux qui l'entourent. Le trait d'union entre ces mondes si différents se fera par l'intermédiaire de la folie de la mère de Luna, incarcérée et surnommée La démente depuis qu'on lui a arraché son enfant. Depuis elle a des visions, des pouvoirs très spéciaux...

J'ai adoré découvrir cette histoire, j'ai aimé ces personnages loufoques autour de Luna, leur bonhomie, leur humour et tout l'amour qu'ils s'offrent. Et comme tout bon conte qui véhicule une morale, celui-ci n'en est pas exempt, de plusieurs même que je vous laisse découvrir. À votre tour laissez vous envoûter par ce roman, je vous promets une magnifique parenthèse dans ce monde de brutes.