vendredi 31 mars 2017

Bilan et fin du mois de ESTELLE FAYE







Ainsi s'achève ce mois de mars 2017 passé en compagnie d'Estelle Faye. 
Un mois2 rempli de découvertes, de révélations et de bien belles chroniques.

Un grand grand merci à Estelle tout d'abord, aux éditions Critic et FolioSF aussi sans qui rien ne ce serait fait. Et enfin merci à tous les participants pour vos questions, vos commentaires.

C'est maintenant l'heure du bilan, avant de laisser le mot de la fin à Estelle.


Les interviews participatives :

ITV 2
ITV 3
ITV 4


Les chroniques :











NAHE

Hors partenariat

Thya
CHUT MAMAN LIT
SNOW

Enoch
RAMETTES



Le mot de la fin d'Estelle


Voilà que mon Mois 2 sur Book en Stock s'achève... Dernier tour de piste, révérence, on baisse le rideau ! Encore merci d'avoir participé au spectacle, merci à toutes les lectrices et les lecteurs qui ont posé des questions, qui m'ont poussé à réfléchir plus avant sur mes personnages, sur ma méthode ( ou mon absence de...), sur les genres et l'écriture...
C'était un mois particulier à plus d'un titre, dans ma ( pas encore très longue) vie d'auteur. Le mois de la sortie de Bohen, ce roman qui occupe une place à part dans mon parcours, avec lequel j'ai l'impression d'avoir quitté mes ports d'attache pour m'élancer vers la haute mer. Vos questions, vos retours ont accompagné les débuts de ce livre, ont fait forcir le vent dans ses voiles, merci pour ça aussi. 

Quand j'avais écrit le mot d'introduction, c'était encore l'hiver, c'était la nuit, j'étais assise à mon bureau, une tasse de café à ma droite et ma sirène immobile sur un de mes haut-parleurs. Aujourd'hui... eh bien, je suis toujours à mon bureau, avec mon duo café/sirène, mais c'est le printemps, et de jour, pour une fois. Il fait très beau, un morceau de jazz joue en sourdine ( Empty dream, l'un des favoris de Chet), et après un mois à parler d'écriture, ici et en salons, en festivals, en dédicace, il me semble presque que je n'aurais qu'à cligner des yeux pour voir s'élever au loin, à la place de la Tour Montparnasse, les flèches étincelantes du Palais d'Ambre Vert.  Et pour apercevoir un petit Sylvain assis sur la rambarde de la fenêtre. 

Sur ce, surmotivée, je vais me remettre à écrire ! 

Merci à Dup et Phooka pour l'accueil ! 


Tu reviens quand tu veux dame Estelle, la porte de Bookenstock te sera toujours ouverte !

jeudi 30 mars 2017

DU FEU DE L'ENFER de Sire Cédric




Éditions Presse de la Cité
556 pages
21,50 euros


4ème de couv :

Manon maquille les cadavres, Ariel maquille les voitures. Elle est thanatopractrice, il est délinquant. Ils sont frère et soeur. Un jour, l'une des combines d'Ariel tourne mal et Manon se retrouve complice malgré elle. Lorsque les assassinats les plus sordides s'accumulent autour d'eux, traçant un jeu de piste sanglant vers une secte satanique, le capitaine Raynal s'intéresse à leur cas. Commence alors une traque qui brouillera les limites entre alliés et prédateurs et mettra à l'épreuve les liens du sang.



L'avis de Dup :

J'ai lu ce dernier roman de Sire Cédric quasiment d'une traite. Juste une petite coupure de quelques heures pour recharger les batteries, mais vraiment le stricte minimum. Je suis restée scotchée à mon livre dès la première page, et là j'insiste, pas le premier chapitre, la première page ! Alors quand ça se passe comme ça, la conclusion vous la connaissez tous : COUP DE COEUR ! Je suis ravie de retrouver du grand Sire Cédric que j'avais un peu perdu avec son dernier roman qui m'avait beaucoup moins convaincue que tous ses précédents.

Jusque là Sire Cédric mêlait à ses enquêtes une part non négligeable de fantastique qui me faisait le considérer comme le Stephen King français. Part que j'appréciais énormément, mais part qui m'a fait tiquer dans Avec les yeux. Avec Du feu de l'enfer il tourne le dos au fantastique et nous livre un thriller pur et dur, que l'on pourrait même classer dans la catégorie horreur. Il faut avoir les tripes bien accrochées pour aller au bout de cette aventure, mais lorsqu'elles le sont, c'est du pur bonheur. Je ne sais pas s'il faut que j'envisage une psychanalyse, mais je me rends compte que plus c'est stressant, plus c'est gore, et plus j'aime ça !

Parce que c'est super bien construit et que cela va à cent à l'heure. Parce qu'on va de rebondissements en surprises. Parce qu'on s'enfonce chaque fois un peu plus dans l'horreur, mais aussi parce que chaque fois Sire Cédric réussi à faire briller une étincelle d'espoir au loin et que l'on fonce pour aller la cueillir. Oui, c'est ça, on fonce pour trouver cette lumière et c'est ainsi qu'il nous mène par le bout du nez jusqu'à la fin de son roman. Quel monstrueux, magnifique piège !

Je n'ai pas envie d'en dire plus. Juste relisez le résumé, il est parfait. Manon, la grande soeur bien sage va encore une fois voler au secours d'Ariel, son looser de frère. Sauf que cette fois, Ariel a dérangé un trop gros poisson et ils vont se frotter à une secte satanique que rien ne semble pouvoir arrêter tant elle a des relations et des appuis haut placés partout et les moyens financiers illimités qui vont avec. Une impunité qui fait froid dans le dos et que l'auteur dénonce ici.

On va assister à des scènes d'une violence et d'une sauvagerie incroyable, mais en parallèle l'humanité de son personnage principal, cette petite thanatopractrice au départ si effacée, va être un phare, un projecteur au milieu de la noirceur. On fait corps avec elle, l'empathie est totale et c'est la plus grande force de ce roman.

Quelle claque ! À lire de toute urgence, only pour les amateurs du genre cependant : âmes sensibles s'abstenir !
MÉGA COUP DE COEUR !
Je rajouterai une ligne sur la couverture magnifique de ce roman, qui est sobre, intrigante et qui tranche tellement par rapport aux précédentes, ne serait-ce que par sa couleur lumineuse. Le roman se démarque, la couverture aussi et c'est pile poil ce qu'il fallait. Cela interpellera  les aficionados du beau Sire, cela attirera les autres : nickel !


Sire Cédric sur Bookenstock 

Deux mois2 et une biblio bien remplie :)


Le premier ICI
Le second  LÀ 











mercredi 29 mars 2017

Les sorties Folio SF d'avril 2017



Avril 2017







GRÉGOIRE COURTOIS

 Suréquipée


Paru initialement au Québec aux éditions Le Quartanier

Couverture: Frédéric Le Martelot


*****


PIERRE PEVEL

 L’Élixir d’Oubli
Le Paris des Merveilles, II


Cet ouvrage sera disponible en édition reliée similicuir, à tirage limité à 1.000 exemplaires numérotés

Prix Imaginales 2005

Couverture: Étienne Le Roux


*****


Remise en vente sous nouvelle maquette



DAN SIMMONS 
L'échiquier du mal, 1

Traduit de l'américain par Jean-Daniel Brèque



DAN SIMMONS
 L'échiquier du mal, 2

Traduit de l'américain par Jean-Daniel Brèque
mardi 28 mars 2017

RÉCIDIVE de Sonja Delzongle





Éditions Denoël
Collection Sueurs Froides
412 pages
20,90 euros


Le pitch :


Saint-Malo, hiver 2014. Du haut des remparts, sorti de prison, Erwan Kardec contemple la mer en savourant sa liberté. Il y a trente ans, il a tué sa femme à mains nues, devant leur fille, Hanah. Jamais il n’aurait été démasqué si la fillette n’avait eu le courage de le dénoncer. Malade, nourri d’une profonde haine, il n’aura de cesse de la retrouver avant de mourir. À New York, au même moment, Hanah, qui a appris la libération de l’assassin de sa mère, est hantée par le serment qu’il lui a fait de se venger. De cauchemars en insomnies, son angoisse croît de jour en jour. Pourquoi a-t-il tué sa mère ? Quand surgira-t-il ? Quels sont ces appels anonymes ? La confrontation est inévitable. Quand on est traqué, mieux vaut-il se cacher, ou regarder la mort dans les yeux ?



L'avis de Dup : 

-Novembre 1905, naufrage du Hilda, un paquebot vapeur qui tentait d'entrer dans le port de Saint-Malo
-Avril 2014, Hanah Baxter, notre profileuse préférée a de gros soucis de santé en plus d'une angoisse profonde depuis qu'elle sait son père sorti de prison.
-Janvier 2014, Erwan Kardec sort de la prison de Rennes et retourne à Saint-Malo qu'il a quitté 25 ans plus tôt avec le gentil sobriquet de "monstre de Saint-Malo" depuis qu'il a assassiné sa femme. C'est le père d'Hanah, comme son nom ne l'indique pas...

Et parce que rien n'est simple avec Sonja Delzongle, elle nous mélange tout ça et cela fait un sacré sac de noeuds ! Mais ne pensez pas qu'elle nous sème, non, bien au contraire, elle nous ferre et on veut savoir. Et encore plus pour ceux qui comme moi connaissent Hanah, qui l'ont déjà suivie dans Dust, puis dans Quand la neige danse. On la savait plantée dans le pied cette épine, cette menace du père.

Et bien sûr, pour accélérer le tout, les chapitres vont alterner entre Hanah et Kardec. Alors que d'autres soucis s'enchaînent pour elle et qu'elle reste désespérément accrochée à avril 2014, le père lui avance inexorablement, rapidement jusqu'à ce fatidique mois d'avril. Chaque début de chapitre annonçant une date sonne comme un gong qui vrille nos nerfs.

L'océan atlantique les sépare encore, elle a New-York, lui à Saint-Malo. On le sait en phase terminale d'un cancer, mais on le suit et on voit bien qu'il est encore suffisamment costaud pour continuer à essaimer des cadavres derrière lui. Et la police française qui patauge, toujours trop pleine de scrupules, malgré une enquête méticuleuse. Elle est surtout en proie a des états d'âmes interne qui viennent fausser la donne...

Ce n'est pas une, mais plusieurs histoires que nous conte Sonja dans ce Récidive. Plusieurs destins se sont mêlés jadis dans la cité malouine, les abcès ont enflé et il faudra attendre le joli mois de mai pour qu'ils crèvent tous. Il ne vous reste plus qu'à le lire pour découvrir le résultat de ces confrontations. Attendez vous à une fin plus que surprenante, pas évidente mais qui au final, sonne plus que juste. Sonja ne cède pas à la facilité et j'avoue que cette fin m'a beaucoup touchée.

A noter tout de même que si ce thriller est beaucoup moins trash que les précédents, il gagne en profondeur avec des personnages forts auxquels on s'attache terriblement. Déjà Dust et Quand la neige danse étaient des thrillers peu comparables, ce troisième volume concernant Hanah est lui aussi d'une veine différente. La seule chose qui ne change pas, c'est que c'est encore un coup de coeur !




Et c'est avec ce thriller que je clos mon challenge de la Licorne # 3


un thriller : 3 points
plus de 400 pages : 1 point
une femme auteur : 1 point
française : 1 point

Jackpot, 6 points, merci Sonja !

vendredi 24 mars 2017

LES SEIGNEURS DE BOHEN de Estelle Faye (Phooka)





Éditions Critic
Sortie le 2 mars 2017


Le pitch :


« J'avais seize ans quand j'ai quitté la steppe. Mais je ne vais pas vous narrer mon histoire. Je ne vais pas non plus vous relater les exploits de grands seigneurs, de sages conseillers, de splendides princesses et de nobles chevaliers. Je croyais, quand j'étais jeune, que c'était dans ce bois qu'on taillait les héros. Je me trompais. 

Je vais vous narrer les hauts faits de Sainte-Étoile, l'escrimeur errant au passé trouble, persuadé de porter un monstre dans son crâne. De Maëve la morguenne, la sorcière des ports des Havres, qui voulait libérer les océans. De Wenceslas le clerc de notaire, condamné à l'enfer des mines, et qui dans les ténèbres trouva un nouvelle voie... Et de tant d'autres encore, de ceux dont le monde n'attendait rien, et qui pourtant y laissèrent leur empreinte. Leur légende. 

Et le vent emportera mes mots sur la steppe. Le vent, au-delà, les murmurera dans Bohen. Avec un peu de chance, le monde se souviendra. »


Le non-avis de Phooka:



Parce que ce roman est inclassable
Parce que sa beauté est indescriptible
Parce que j'ai voyagé dans des contrées magiques
Parce que j'ai rencontré des êtres hors du commun
Parce que l'imagination d'Estelle Faye est sans limite
Parce que son écriture est merveilleuse
Parce que je n'oublierai jamais Sainte-Etoile, ni Sorenz
Parce que je me suis aussi attachée à Maeve, Lantane ou Sasha
Parce que Janosh et Wencelas m'ont fascinée
Parce que la complexité du monde créé par Estelle Faye le rend si réel qu'on le croit vrai
Parce que le cheminement des héros rend leur destin inéluctable
Parce que Estelle Faye ne cède jamais devant la facilité
Parce que le suspense, les énigmes et les combats rendent le récit inlâchable.
Parce que les croyances et les créatures y rajoutent encore une épice.
Parce que c'est de la Dark Fantasy fabuleuse
Parce que je ne saurais pas comment en parler et lui rendre justice.


Je préfère ne rien en dire
Faites moi plaisir, faites vous plaisir
LISEZ-LE !!



jeudi 23 mars 2017

L'EFFET DOMINO de François Baranger




Éditions Bragelonne
570 pages
21,50 euros


4ème de couv :

Paris, 1907. Un mystérieux « tueur à répétition » fait trembler la capitale en s’attaquant à l’entourage de personnalités célèbres et aux policiers qui enquêtent sur son cas. En plus de la terreur, il sème derrière lui de curieux symboles ésotériques et, dans la gorge de ses victimes, un domino double. La presse accuse « Double Six », un ancien bagnard au torse tatoué, dont la rumeur dit qu’il aurait plusieurs vies.
Le préfet Lépine confie l’affaire à l’inspecteur Lacinière, un Rennais sans attaches ni famille, qui monte une petite équipe constituée d’une jeune femme noble aux élans féministes et d’un jeune agent qui n’a pas froid aux yeux. Lacinière est convaincu que Double Six n’est pas le coupable. Pour le prouver, il doit retrouver sa trace entre chien et loup, dans le Paris du début du XXe siècle, et résoudre les énigmes que le véritable tueur élabore à son intention...


L'avis de Dup :

Si le coup de crayon de l'auteur m'avait déjà séduite (allez donc zieuter cette couverture), je ne m'étais pas encore frottée à sa plume, moins attirée par le genre SF de Dominium mundi. Mais voilà, ce touche à tout est venu dans mon secteur de prédilection : le thriller et je dois dire que j'ai beaucoup apprécié.

Philippe Lacinière, inspecteur à Rennes est appelé à Paris par le préfet de police, Louis Lépine bras droit de Clémenceau alors ministre de l'intérieur. Nous sommes en 1907 et la capitale est plongée dans la terreur par une série de crimes abominables. Tous ces meurtres touchent des personnes de l'entourage de célébrités de l'époque et leur mise en scène est fortement teintée d'ésotérisme. Pire, les familles des deux inspecteurs successifs mis sur l'enquête ont été véritablement massacrées. D'où l'appel à notre talentueux inspecteur breton qui, outre un palmarès brillant, n'a pas de famille, ni même d'amis.

Pour sa sécurité et celle de ses collaborateurs, il va enquêter en sous-marin, passant de planque en planque. Ils seront malgré tout talonnés par le Domino ainsi baptisé par la presse pour en essaimer dans les cadavres qu'il expose. 

Lacinière et son équipe enquête minutieusement, méthodiquement, et les suivre s'avère passionnant. J'ai adoré le décryptage des scènes de crime, l'épluchage et le recoupage des données dans les pièces d'archives poussiéreuses (l'ami google manque cruellement). Suivre au plus près les méandres des réflexions de Lacinière était très intéressant. On sent les prémices d'une science qui ne verra le jour que bien plus tard : le profilage. Jouer là-dessus était un pari osé par l'auteur, mais finement amené et ma foi remporté haut la main. 

Si très souvent la lecture est lente et posée, l'auteur nous propose de temps en temps de sacrés coups d'accélérateur. Je pense notamment au vol en dirigeable de Paris à Calais, plusieurs pages que j'ai lu en apnée complète tant la tension et l'imminence d'une catastrophe pèsent sur le lecteur. Les derniers chapitres aussi sont pour le moins mouvementés et concluent cette enquête de façon magistrale. Le seul bémol qui fait que je n'en ferai pas un coup de coeur, c'est le manque de crédibilité de la fausse-piste mise en place. Mais c'est un détail tant tout le reste m'a plu.

Ne tirez pas de conclusions trop hâtives de mon début de paragraphe précédent car ces 570 pages se savourent délicieusement. En effet l'immersion complète dans le Paris du début du XXe siècle dans laquelle nous plonge François Baranger est du pur bonheur. L'électricité qui commence à s'installer... et qui est souvent en panne. Beaucoup de rues sont encore éclairées par des réverbères allumés manuellement tous les soirs. Dans la journée des petits crieurs sillonnent les trottoirs parisiens en clamant la une des journaux. Le bruit des sabots claquant sur les pavés se mêle aux pétarades des premières automobiles. Celles-ci filent tombeaux ouverts à presque soixante kilomètres à l'heure sur routes dégagées ! :))  On découvre également les travaux titanesques du métro parisien qui envisage rien moins que traverser la Seine, etc, etc. Le côté historique de ce thriller m'a enchanté, vraiment ! Quant aux personnages, ils sont pleins d'une retenue et d'une pudeur propre à l'époque, c'est délicieux. Sans parler des tenues, costumes pour ces messieurs, robes dévoilant à peine la cheville pour ces dames et couvre-chef pour tout le monde. 

L'écriture de l'auteur est très visuelle, cinématographique et on vit cette enquête parisienne sur le terrain. J'ai beaucoup apprécié ma lecture et vous la recommande chaudement. Monsieur Baranger, si vous poursuivez votre incursion dans le monde du thriller, sachez que j'en serai ravie et vous suivrai sans hésiter. Pourquoi pas une autre enquête de notre breton qui s'avère encore plein de mystères ? Maintenant, si vous tentez la Fantasy, j'en serai aussi bien évidemment !



mercredi 22 mars 2017

5ème volet de l'ITV de ESTELLE FAYE



Et hop, 5ème volet !

Les précédents :
ITV 1




                                   © Fabien Legeron



Juste deux mots avant de lui laisser la parole : Bienvenue Estelle !



Bonjour lectrices et lecteurs de Book en Stock ! 


Enfin, dans le cas présent, "bonjour", c'est rhétorique, vu que j'écris cette présentation de nuit - ça ne surprendra pas ceux qui me connaissent - et de la caféine plein les veines - rien de très original pour moi non plus...

Je vous écris depuis mon bureau, au dernier étage d'un immeuble anonyme en banlieue parisienne, avec une vue imprenable sur les pics de pollution, quand il fait beau. Mon bureau est tapissé d'images, des affiches de ciné et de théâtre, des photos d'océans et du bout du monde, des reproductions de cartes anciennes, des illustrations de fantasy...Il y en a partout ou presque, sur les murs, les étagères, sur ma table de travail, sur les haut-parleurs de mon ordi. La prochaine étape, c'est le plafond, il est encore blanc et vide, il ne devrait pas rester longtemps ainsi. 
Poursuivons la visite. Sur la droite, un fauteuil hors d'âge, autrefois noir, aujourd'hui gris, décoloré par le soleil, avec son chat intégré - Fenby, plus noir que le fauteuil, pur gouttière, dix kilos de muscles. Au sol, des cahiers de notes et des feuilles de brouillon, des vagues de papier qui s'étalent et refluent au rythme de mes projets. Des livres dans tous les coins, évidemment, des films aussi. Sur la gauche, une énorme armoire limousine, héritage familial, avale un tiers de la pièce. Un meuble monstrueux en chêne massif, vieux de plus d'un siècle. Parfois les tiroirs dedans se déplacent, la porte s'ouvre toute seule en grinçant, c'est mon poltergeist personnel. Mon bureau a un côté cabinet de curiosités, il s'est garni au fil du temps d'une foule d'objets divers, ça va de la sirène immobile à la rapière brisée, en passant par un bonzaï de verre, un véritable chapeau claque, un esprit marin en bois flotté... 
Au fond, près du radiateur, trône une unique plante verte, une sorte de mini-palmier hawaïen, installé là un jour où j'étais en manque de voyages. Ce végétal tenace se débrouille depuis quatre ans déjà pour survivre au milieu de mes deadlines. Il mérite un certain respect. Le printemps et l'aube approchent. Bientôt les rossignols vont chanter. 

Encore merci à Dup et Phooka pour leur invitation ! Pour mieux répondre à vos questions, je vais préparer du rab de café. 

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Tir groupé de Ramettes :

Bonsoir
Me voilà de retour... j'ai posté ma chronique de Thya et j'ai eu un petit moment de flottement pour poser d'autres questions. Après quelques péripéties me voilà plongée dans "Enoch" j'ai bien apprécié que ce soit vraiment la continuité du voyage. Si j'ai bien compris quand tu as présenté ta trilogie à un premier éditeur ta trilogie était complètement écrite ? Il y a un côté Ulysse avec qui les Dieux amusaient et cette question sur le destin que penses tu de cette impression de lectrice ?
Bon week-end ! 


Re-bonsoir
La nourriture est assez frugale dû aux conditions de voyage. Mais en lisant ce qui se passait au banquet chez les Nodes (Enoch) j'ai fait le rapprochement avec celui chez le romain (Thya ) et dans les deux cas ça finit mal.. simple coïncidence ? Ou les excès conduisent au drame ?


Bonjour
Je me demandais si le fait que la voie des Oracles était sortie chez Folio (tome 1&2) avait permis d'attirer un autre lectorat ? Ça tu risques de le voir dans les prochains salons peut-être. Et pas que pour des raisons économiques... Je pense à ceux qui ne vont pas côté jeunesse. Je pense aux librairies qui ont séparé un lieu jeunesse, un autre adulte... exemple Sauramps à Montpellier. ..

Estelle :


Bonjour Ramettes,

et voila trois réponses en une - et même un peu plus...

Pour commencer par le début : quand j'ai présenté ma trilogie à un premier éditeur, j'avais déjà les premiers chapitres de "Thya", le synopsis de base des trois tomes, la structure de chacun des tomes, et surtout le twist du tome 3 (c'est dans cet état-là que je présente mes projets, en général, en prévenant bien les éditeurs que le synopsis va probablement changer en cours d'écriture). 

Par contre je n'avais pas écrit les tomes entiers . Je voulais écrire chaque tome après avoir au moins quelques retours de lecteurs sur le précédent, pour intégrer les remarques, les impressions des lecteurs à l'histoire. Il y a ainsi, par exemple, un personnage qui n'aurait pas dû aller plus loin que le tome 1, ou à la rigueur le début du tome 2, qui a tellement plu aux lecteurs que je me suis demandée s'il n'avait pas plus de potentiel que prévu. Et effectivement, il en avait. Il est devenu un acteur essentiel du deuxième tome. Et dans le tome 3, j'ai promis aux lecteurs un vrai moment de bonheur pour Enoch. A toi de juger si la promesse est tenue !
Jean-Paul Arif (l'éditeur de Scrineo) a tout à fait compris ma démarche. Il m'a juste dit que dans ce cas, je devrais écrire assez vite pour qu'il y ait moins d'un an d'attente entre chaque tome. J'ai trouvé ça faisable ( comme je l'ai dit plus haut, c'est la préparation en amont des romans qui me prend beaucoup de temps, plus que leur rédaction). Voilà d'où la série est partie.


Pour ce qui est d'Ulysse, du destin et des dieux qui jouent avec les hommes, c'est en effet une de mes références, je suis ravie que tu l'aies perçue.


Pour ce qui est des coups durs qui arrivent après les banquets, et après les moments de bonheur en général, c'est surtout un classique du roman d'aventures : on varie les rythmes, les émotions, on accorde des moments de pause à ses personnages pour mieux les relancer dans les pires ennuis juste quand ils baissent leur garde...


Enfin, pour ce qui est de la sortie chez Folio, j'ai encore très peu de recul dessus. De ce que j'ai vu lors des premiers salons du printemps, j'ai l'impression que ça attire de nouveaux lecteurs en effet. A voir dans quelques mois ce qu'il en est !


Et rien à voir, j'aimerais bien un jour revenir pour une dédicace à Montpellier !




Cédric :

Bon, j'arrive sur le tard par rapport au début du mois, mais j'ai quand même quelques petites questions pour toi Estelle :

Une de tes nouvelles a été récemment publiée dans un recueil, Contes d'Ecryme, dont les nouvelles se déroule dans un univers de jeux de rôle (enfin littéraire aussi). Est-ce que tu fais du jeux de rôle et, si oui, Est-ce que cela a influencé ta manière d'écrire, et si oui comment ?

Tu as de nombreuses casquettes (écrivaine, comédienne, metteuse en scène ...), Est-ce que tu as déjà pensé a adapté un de tes écrits dans un des autres mediums que tu pratiques ? Ou de réaliser un projet "transmédia" avec un texte qui se déroule dans l'univers d'un court métrage ou vice et versa, par exemple ?

Tu utilises dans tes textes de nombreuses mythologies (antiques, asiatique (Chine, Japon, Inde) ) Est-ce que c'est un choix conscient d'explorer les mythologies de diverses régions du monde ou Est-ce que cela vient naturellement ? Et à quand l'exploitation des mythes de l'Amérique, de l'Océanie ou de l'Afrique ?

Et dernière question (je sais cela en fait beaucoup, pardon) : je suis à la moitié de Bohen et je me posais la question de savoir si le côté "Romance Fantasy" qui transparait du roman était un choix de ta part, de ton éditeur ou un élément qui s'est imposé de lui même ?


Estelle :



Bonjour Cédric,


je vais me permettre, d'abord, de répondre à la dernière partie de la question, et je vais, pour une fois, être plutôt cash sur un point :
mais où vois-tu de la Romance Fantasy dans Bohen ?
Oui, il y a des gens qui s'aiment, qui s'attirent, qui se désirent, qui couchent ensemble, pas forcément tout ça au même moment, et pas la majorité des personnages.
Mais parce que l'amour, le désir, etc...font partie de la vie. Et ça n'occupe pas la place centrale dans Bohen.
Il y a plus de couple au mètre carré dans Le Trône de Fer, et l'amour de Cersei et de son frère a beaucoup plus d'impact sur leur monde que même (début du spoiler) l'amour de Sorenz et de Sainte-Etoile. Sorenz décide de défier l'Empire, lors du siège de Leid, avant tout pour des raisons qui lui sont propres. Il n'est pas encore attiré par Sainte-Etoile, il n'attendait qu'un déclencheur, plus ou moins consciemment, et c'est leur partie de cartes qui va le lui fournir. Pour ses raisons plus profondes, elles apparaissent dans la deuxième moitié du roman, donc j'arrête le spoiler ici (fin du spoiler). il suffit de surligner le passage ;)


Je n'ai rien contre la Romance par ailleurs. Pendant longtemps, j'ai eu des préjugés contre ce genre - je suis un garçon manqué pur jus, élevé aux polars et aux jeux de combats. Puis j'ai rencontrés des auteurs de romances en festivals, j'ai lu quelques uns de leurs livres, et j'y ai trouvé des histoires beaucoup moins mièvres, moins convenues que je n'aurais cru - ça n'est pas devenu un de mes genres de prédilection, mais il y a là aussi des auteurs qui savent écrire. Avantage annexe, je sais désormais à quoi une Romance ressemble. 
Et je ne vois pas le rapport avec Bohen, encore une fois.


Par contre, j'ai voulu avoir des personnages humains, représentant toutes les facettes de l'humanité. Donc certains sont en couple - ça arrive aussi dans la vie, et plus souvent que dans ce livre -, sans en faire une affaire d'état. D'autres, deux sur tout le roman, ont une histoire plus compliquée, plus intense - les circonstances l'expliquent aussi.


Fait-on de la Romance Fantasy dès qu'on ne décrit pas un monde asexué ? Ou dès qu'on sort des scènes de bordels/viols/mariages forcés qui font l'ordinaire d'une certaine forme de fantasy, avec parfois une chaste fiancée blonde pour faire contrepoint ? 
Ou quand on ne ressert pas le cliché du "héros ténébreux grand séducteur qui ne s'engage jamais" ?


La Fantasy, par essence, devrait être le genre le plus libre, le plus ouvert de la littérature - nous créons des mondes, quand même ! 
Et pourtant, parce que cette liberté fait peur sans doute, c'est le genre qu'on s'échine sans cesse à faire rentrer dans des cases. Pas tous les auteurs, heureusement, et même de moins en moins, et idem pour les lecteurs...


Mais s'il fallait jouer le jeu des qualifications, je dirai que Bohen est de la fantasy épique, sombre, révolutionnaire, avec un ancrage mythologique et historique slave pour l'essentiel, et des personnages qui ont des pensées et des sentiments - pas forcément amoureux, le dégoût de soi c'est aussi un sentiment.
Certes, c'est un peu long pour mettre sur une étiquette, mais je n'ai jamais aimé les cases exigües.


Par parenthèse, je me suis également documentée pour écrire cet aspect-là de l'histoire, avec des livres sur les relations homme-femme ou encore sur l'homosexualité à la fin du Moyen-Age, pour ne pas imposer là-dessus mes préjugés de notre époque à des personnages d'un autre temps. 


Voilà, maintenant passons au jeu de rôle !


J'ai été rôliste autrefois, maître de jeu surtout. Un maître de jeu doit connaître de fond en comble son univers, et improviser ensuite dans cet univers tout en conservant sa cohérence, quand les joueurs décident de partir dans une direction qu'on n'avait pas prévue.
Cela apprend ainsi à ne pas rester figé sur une première idée, quand on écrit une histoire, et cela apprend à travailler à fond la logique interne de son univers. 
C'est une école très formatrice, je trouve, même si je n'ai plus le temps de jouer aujourd'hui.


Pour ce qui est de mon côté multimédia, pour l'instant j'essaye de donner à chaque histoire la forme qu'elle doit avoir : certaines sont faites pour être des pièces de théâtre, d'autre des scénarios, d'autres des textes littéraires... Et j'aime écrire en roman des histoires qui ne pourraient pas se faire au cinéma, pour des raisons de coût de production notamment.
Mais un jour prochain, surtout si je concrétise mes rêves de polar, je n'exclus pas d'essayer d'adapter un de mes livres en film. 


Enfin, pour ce qui est de mon tour du monde mythologique, c'est un choix conscient. J'adore voyager, je suis fan de romans de voyages et de romans maritimes, d'histoires qui se déroulent à l'autre bout du monde. Voyager nous pousse à voir le monde, et notre propre vie, sous une autre perspective. Les voyages nous forcent à sortir de notre carcasse, à remettre en question nos idées reçues. Ils nous rendent plus libres, et c'est essentiel à mes yeux.
J'ai d'ailleurs déjà écrit trois nouvelles qui se passent en Amérique du Sud, dont la première, "Sel", a été publiée dans l'anthologie "Fées" dirigée par Chantal Robillard. J'ai deux nouvelles qui se passent à San Francisco ( une dans "Utopies" chez ActuSf, et une à paraître dans "Bals Masqués" aux Chat Noir), une nouvelle à New York ( dans "Dimension New York", chez Rivière Blanche)...
Et aussi bien en nouvelles qu'en romans, je compte bien explorer encore d'autres continents - et d'autres océans !



Zina :

Bonjour Estelle, 
J'arrive un peu tard, mais je l'espère, pas trop tard :)

Je viens de lire toutes les questions de mes camarades et je te remercie de ces réponses très intéressantes. Qui m'ont d'ailleurs inspiré une question à mon tour ! Ci-dessus, tu expliques que pour La voie des Oracles, tu as souhaité intégrer les remarques des lecteurs à l'écriture des tomes 2 et 3. Pourquoi était-ce important pour toi ? Et jusqu'à point peux-tu aller, qu'est-ce qui te fait décider de tenir compte de ci ou ça ? Peux-tu remettre en question une évolution prévue ou ajouter quelque chose qui n'était pas prévu ? Pour cette dernière, tu vas me dire oui, "le personnage qui n'aurait pas dû aller plus loin que le tome 1" ^^ Mais du coup, je vais aussi demander de qui il s'agit ? Je n'ai lu que Thya pour l'instant :)

Je reviens maintenant à ma question d’origine :)
Beaucoup d’auteurs ont un public de prédilection, jeunesse ou adulte. Toi, tu t’adresses tour à tour à l’un et à l’autre – ou en tout cas tes livres ont été publiés par des éditeurs qui ont tendance à faire cette démarcation. A quoi se joue ce choix pour toi ? Et que penses-tu du fait que La voie des Oracles sorte maintenant dans une collection adulte, ce qui tend à bannir cette catégorisation ? Était-ce un souhait de ta part ? D’ailleurs, comment s’est passé la sortie en poche ? Est-ce que l’initiation est venue de l’éditeur d’origine, d’un démarchage de Folio ou de toi ? Et si c’est de l’un des deux premiers, quelle est ta part d’interactivité dans le processus ? 
Merci :)


Estelle :



Bonjour Zina,


je suis toujours sur le pont !


Merci pour ton message.
J'ai constaté, très tôt, que les remarques du public m'aidaient à enrichir mes univers, à approfondir mes histoires.


J'ai commencé à raconter des histoires à mon petit frère (Aymeric, cinq ans de moins que moi) quand nous étions enfants. Nous voyagions beaucoup avec mes parents, nous marchions beaucoup en montagne aussi, et pendant les longs trajets j'avais pris l'habitude, je ne sais plus pourquoi, de lui raconter des histoires. Très vite, je suis arrivée au bout des contes et légendes que je connaissais, alors, à la demande du public ( restreint, mon public, à l'époque, mais très insistant!), je me suis mise à inventer des histoires. Je me lançais dans des grandes sagas de fantasy, de science-fiction ou de western en n'ayant qu'une idée très floue de comment elles allaient finir... Quand j'avais plusieurs personnages, et qu'ils prenaient des directions différentes, je demandais à Aymeric lequel il voulait suivre en premier. Je développais davantage ses favoris. Quand tel ou tel aspect de l'aventure lui plaisait, je lui donnais plus d'ampleur, plus d'importance, quitte à changer tout le reste de l'histoire. Ses favoris n'étaient pas forcément ceux que j'avais placés au premier plan, au départ. Mais toujours je m'apercevais en leur donnant plus d'espace qu'ils avaient un vrai potentiel. Souvent ils finissaient par devenir des personnages principaux, ou quasiment, et même moi, je m'y attachais davantage. 
J'ai découvert ainsi à quel point il était précieux de ne pas rester braqué sur sa première idée, et plus tard mes partie de jeu de rôle, et mon expérience dans le théâtre n'ont fait que renforcer cette conviction.
Quand je me suis lancée dans une première série, j'ai voulu, tout naturellement, retrouver une manière de faire qui se rapproche de celle-là, le plus possible.


J'ai la chance, grâce aux dédicaces, grâce au salons et festivals, grâce à Internet aussi, d'avoir des retours des lecteurs. Autant en profiter !
Et pour le personnage qui n'aurait pas dû aller plus loin que le tome 1, c'est  le petit Sylvain , pour ceux qui veulent savoir, comme j'en ai parlé plusieurs fois çà et là ;)


Pour la deuxième partie de la question, j'ai un public de prédilection, c'est le public adulte. J'ai plus d'idées en romans adultes, je me sens vraiment chez moi dans cette tranche d'âge.
Ceci étant dit, j'ai adoré écrire un Young Adult avec la Voie des Oracles. Comme je l'ai dit un peu plus haut, le YA aujourd'hui est pour moi l'héritier du roman initiatique, un genre passionnant dans lequel on voit un héros grandir et passer à l'âge adulte, justement, avec ce que cela implique d'émotions fortes, de remises en questions. Avec un certain deuil de l'enfance et un vrai espoir en l'avenir. C'est un genre adolescent et universel à la fois, et d'emblée, dès que j'ai imaginé l'histoire de Thya, elle s'est inscrite dans cette dynamique.


Pour ce qui est de la sortie en poche des Oracles, c'est très simple : je suis très heureuse qu'ils soient chez FolioSF, et je n'ai pas eu un seul mot à dire là-dessus - mais c'est une collection que j'adore, donc ça me convient très bien !


lundi 20 mars 2017

ENFANT DU CHAOS de Eva Simonin




Les indés de l'imaginaire
Collection Naos
331 pages
16 euros


Résumé :


Depuis la mort du dieu de l'Équilibre, le chaos ne cesse d'augmenter.

À Okkia, il engendre des spectres, êtres monstrueux qui se nourrissent des humains. 
Les pompiers régulent la menace de leur mieux, mais ils arrivent trop tard pour sauver la famille d’Anielle. Unique rescapée, la jeune femme décide de rejoindre leur rang pour lutter à son tour contre incendies, tempêtes surnaturelles et créatures dangereuses. Mais ses origines pèsent lourd sur ses épaules et compromettent sa place parmi les pompiers. Son existence n’est-elle qu’une nouvelle manifestation du chaos ? Anielle n’aura de pire ennemi que sa propre nature, convoitée par certains, redoutée par d’autres.



L'avis de Dup :

L'univers créé par Eva Simonin est complexe et ma foi bien passionnant, une fois qu'on a appréhendé tous les tenants et les aboutissants. Ce qui n'est pas si aisé au départ de cette lecture d'ailleurs car on est plongé directement dans une histoire avec peu d'explications des événements qui s'y déroulent. On sait juste qu'on se trouve sur la sphère d'Okkia. Sphères que j'ai assimilé à de toutes petites planètes, mais c'est mon interprétation, jamais nous n'avons confirmation de la chose.

Les sphères de ce monde communiquent normalement entre elles par une sorte de portail, un seuil qui dépend de l'équilibre des forces cosmiques. Ce seuil situé dans la Cité des Dieux et gardé par les Veilleurs, est fort bien croqué par Melchior Ascaride sur la couverture du roman. On voit les différentes forces cosmiques s'échapper vers le ciel.

Or Okkia a bien du soucis à se faire car depuis quelques temps le déséquilibre des forces maintient le seuil fermé, malgré tous les efforts des deux Veilleurs en place. Son économie dépendant entièrement des échanges avec les autres sphères, cet isolement qui dure pèse de plus en plus sur la population et le gouvernement en place. Des foyers d'agitation, de mécontentement fleurissent en ville.

La fermeture du seuil n'est pas la seule résultante du déséquilibre des forces cosmiques : L'excédent des forces du chaos provoque également des tempêtes arcaniques dévastatrices sur Okkia ainsi que l'apparition de dangereux spectres amateurs de chair humaine...

L'auteur nous propose de suivre Anielle, une jeune fille qui vient d'échapper à l'attaque d'un spectre alors que toute sa famille a été décimée. Recueillie par les pompiers arrivés trop tard sur les lieux, elle décide de rester parmi eux et s'engage à leurs côtés dans cette lutte incessante contre ces monstres.

Les origines d'Anielle vont se révéler incertaines, troubles et vont intéresser la princesse Maranée qui va réussir à la débaucher et la prendre à son service. On va alors plonger dans les intrigues politiques d'Okkia. En effet la sphère d'Okkia est dirigé par un gouvernement depuis que le père de Maranée a abdiqué. Cette dernière va tout faire pour rassembler ses partisans et tenter de reprendre le pouvoir en profitant du chaos ambiant. Intrigues, manipulations, chantages... Mais le destin d'Anielle va s'avérer plus complexe.

L'évolution du personnage principal dont le prénom est judicieusement bien trouvé sera intéressante à suivre même si je l'ai trouvé un peu long à venir. Ses origines et la dualité qui en découle restent cependant passionnantes. Si Maranée m'a exaspérée dès le début, j'ai beaucoup apprécié un autre personnage qui lui gravite autour : Yonne. Il reste hélas bien trop en retrait dans ce premier tome mais on sent un fort potentiel qui ne demande qu'à éclore dans les tomes suivants.

Un univers unique et complexe bien mis en place, des personnages qui peuvent encore nous surprendre, une écriture fluide, pas de doute je serai au rendez-vous pour la suite de l'aventure.



samedi 18 mars 2017

Le prochain Davoust en image







1er tome d'une trilogie annoncée, celui sortira le 18 mai.
Ce beau bébé fera quand même 700 pages dès la naissance, et grandira très vite : tome 2 annoncé en novembre et tome 3 en mai 2018 !!!


Le pitch :




Mériane est une trappeuse, une paria, une femme. Autant de bonnes raisons d’en vouloir aux Dieux qui ont puni le peuple de la Rhovelle pour les fautes de ses aïeux. Car depuis la chute du glorieux Empire d’Asrethia, le monde est parcouru de zones instables qui provoquent des mutations terrifiantes, les gens ont faim, et une religion austère qui prêche la haine des femmes soutient un système féodal. 
Pourtant, quand les Dieux décident de vider leur querelle par l’intermédiaire des humains, un rôle crucial échoit à Mériane. Pour elle débute une quête qui la verra devenir chef de guerre et incarner l’espoir de tout un peuple.


Source Elbakin


jeudi 16 mars 2017

Envie d'approfondir l'univers de Nathalie DAU ?



Bientôt... enfin, un bientôt lointain :(



 En septembre probablement
10 nouvelles et 1 novella

Et toujours une superbe couverture de Melchior Ascaride
*bave*




Le temps s’abreuve à de nombreuses sources.

Ton présent, Ceredawn, fut préparé de longue date, que nous l’ayons souhaité ou non.
Tu dis que tu veux comprendre ? Alors écoute, mon garçon. Écoute, ressens, apprends… et souviens-toi de tout ce qui fut avant toi.
Rassembler nos fragments te donnera plus claire image de l’avenir que tu es destiné à bâtir.


Cosmogonie, Éradication, dragons, lune bleue, maîtres-chats, démons incarnés, l’amour improbable d’un roi pour son esclave… et l’origine d’un dorsal, d’une statue aux bras brisés, d’une amitié nourrie de fascination et plus puissante que la mort. Dans ce recueil, Nathalie Dau lève le voile, par petites touches, sur les événements situés en amont de son cycle "Le Livre de l’Énigme". Et prolonge l’enchantement.




mercredi 15 mars 2017

Sortie de Hope et Red de Jon Skovron

L'Empire des tempêtes

Tome 1 : Hope et Red

sortie le 15/03/2017



Editions Bragelonne
sortie le 15/03/2017
22 euros



Hope est l’unique survivante du massacre de son village par les Biomanciens, les serviteurs mystiques de l’empereur. Recueillie par un soldat vinchen, elle a suivi un entraînement secret, faisant d’elle une guerrière qui ne vit que pour la vengeance.

Red est un orphelin adopté par une ancienne mercenaire issue de la pègre. Il est devenu un voleur et un escroc au talent inégalé.

Quand un chef de bande sanguinaire passe un marché avec les Biomanciens pour contrôler les bas-fonds de la cité de Laven, les destins de Hope et de Red se croisent. Et leur alliance improbable va les conduire bien plus loin qu’ils l’auraient imaginé…
mardi 14 mars 2017

[BD] L'ARABE DU FUTUR tome 3 de Riad Sattouf

Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987)





Editions Allary

06/10/2016

160 pages

20.90 euros




L'Arabe du futur raconte la jeunesse de Riad Sattouf au Moyen-Orient. Dans le premier tome publié en 2014 et qui couvre la période 1978-1984, le petit Riad est ballotté, de sa naissance à ses six ans, entre la Libye, la Bretagne et la Syrie. Le deuxième tome, paru en 2015, raconte sa première année d'école en Syrie (1984-1985). Dans ce troisième tome (1985-1987), après avoir suivi son mari en Libye puis en Syrie, la mère de Riad ne supporte plus la vie au village de Ter Maaleh. Elle veut rentrer en France. L'enfant voit son père déchiré entre les aspirations de sa femme et le poids des traditions familiales...


L'avis de Phooka:




Cinq volumes prévus


  1. Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
  2. Une jeunesse au Moyen-Orient (1984-1985)
  3. Une jeunesse au Moyen-Orient (1985-1987)

Traduite dans dix-sept langues (dont le finnois et le coréen), multi-récompensée, publiée un peu partout en Europe, la série, fait rarissime, a même traversé l'Atlantique.

L’un des cinq livres français les plus traduits dans le monde en 2014 : Allemagne, Brésil, Corée, Croatie, Danemark, Espagne et Catalogne, États-Unis, Grande-Bretagne, Finlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Slovénie et Suède. (site Allary)



Suivre le parcours du jeune Riad Sattouf est un pur plaisir. Enfin "plaisir" est peut-être un mot mal choisi, car sa jeunesse est vraiment très dure et souvent on en souffre pour lui, peut-être même plus que lui car son innocence le protège de beaucoup de maux.

Riad a maintenant 7 ans. Il grandit et il comprend de plus en plus ce qui l'entoure. Ce sont les années 1985-1987. Son père est toujours un rêveur qui pense devenir un grand homme en Syrie. Sa mère elle, déprime. C'est elle qui souffre le plus de cette situation, elle ne supporte plus la vie en Syrie. Sa culture et trop éloignée de la culture syrienne et si pourtant elle est bien acceptée dans sa belle-famille, sa vie de tous les jours devient trop contraignante.  Le couple commence à se déchirer. 



Quant à Riad, il observe et comprend de plus en plus ce qui se passe autour de lui. Ses camarades d'école ne l'épargne pas, lui le blondinet à boucles, premier de la classe. Il doit faire profil bas. Et puis il y a les adultes au comportement si étrange. Ils disent des choses et font l'inverse. L'exemple le plus frappant ce sont ces Saoudiens, qui ne parlent que de respect de la religion mais qui achètent des vins coûteux en fraude. Et puis il y a son père, qu'il admire mais qui a pourtant un drôle de comportement lui aussi. Il est prêt à tout pour satisfaire ses ambitions, lui le prof qui devrait être admiré en Syrie. Mais Riad est surtout triste pour sa mère qu'il voit dépérir à vue d’œil ...

Encore une fois, Riad Sattouf, nous entraîne avec lui avec bonheur pour nous faire comprendre sa jeunesse. Un monde rude et difficile. ce troisième opus est plus sombre que les précédents car le petit Riad commence à comprendre beaucoup de choses. Un tome passionnant, une fois de plus. Une BD à lire absolument !



Depuis l'écriture de cette chronique il y a bien longtemps, j'ai eu la chance de rencontrer Riad Sattouf. J'étais vraiment impressionnée et ce grand monsieur est d'une gentillesse extrême. Je suis définitivement fan !






lundi 13 mars 2017

4ème volet de l'ITV de ESTELLE FAYE



Voici donc le 4ème volet (et on est pas encore au 15 mars !)

Premier volet ICI
le second 
le troisième par là




                                   © Fabien Legeron



Juste deux mots avant de lui laisser la parole : Bienvenue Estelle !



Bonjour lectrices et lecteurs de Book en Stock ! 


Enfin, dans le cas présent, "bonjour", c'est rhétorique, vu que j'écris cette présentation de nuit - ça ne surprendra pas ceux qui me connaissent - et de la caféine plein les veines - rien de très original pour moi non plus...

Je vous écris depuis mon bureau, au dernier étage d'un immeuble anonyme en banlieue parisienne, avec une vue imprenable sur les pics de pollution, quand il fait beau. Mon bureau est tapissé d'images, des affiches de ciné et de théâtre, des photos d'océans et du bout du monde, des reproductions de cartes anciennes, des illustrations de fantasy...Il y en a partout ou presque, sur les murs, les étagères, sur ma table de travail, sur les haut-parleurs de mon ordi. La prochaine étape, c'est le plafond, il est encore blanc et vide, il ne devrait pas rester longtemps ainsi. 
Poursuivons la visite. Sur la droite, un fauteuil hors d'âge, autrefois noir, aujourd'hui gris, décoloré par le soleil, avec son chat intégré - Fenby, plus noir que le fauteuil, pur gouttière, dix kilos de muscles. Au sol, des cahiers de notes et des feuilles de brouillon, des vagues de papier qui s'étalent et refluent au rythme de mes projets. Des livres dans tous les coins, évidemment, des films aussi. Sur la gauche, une énorme armoire limousine, héritage familial, avale un tiers de la pièce. Un meuble monstrueux en chêne massif, vieux de plus d'un siècle. Parfois les tiroirs dedans se déplacent, la porte s'ouvre toute seule en grinçant, c'est mon poltergeist personnel. Mon bureau a un côté cabinet de curiosités, il s'est garni au fil du temps d'une foule d'objets divers, ça va de la sirène immobile à la rapière brisée, en passant par un bonzaï de verre, un véritable chapeau claque, un esprit marin en bois flotté... 
Au fond, près du radiateur, trône une unique plante verte, une sorte de mini-palmier hawaïen, installé là un jour où j'étais en manque de voyages. Ce végétal tenace se débrouille depuis quatre ans déjà pour survivre au milieu de mes deadlines. Il mérite un certain respect. Le printemps et l'aube approchent. Bientôt les rossignols vont chanter. 

Encore merci à Dup et Phooka pour leur invitation ! Pour mieux répondre à vos questions, je vais préparer du rab de café. 

****************************************


Allison :

Merci beaucoup pour cette réponse très détaillée sur les prénoms ! Heureusement que tu as choisi Thya : j'ai trouvé le prénom très beau et c'est lui qui m'a poussé à prendre le livre (puis j'ai vu la couverture et je n'ai plus hésité une seule seconde)

N'ayant lu que La Voix des Oracles, je n'ai pas de point de comparaison avec tes autres romans, mais adaptes-tu ton style en fonction du genre ? Ou écris-tu naturellement ? 



Merci encore et à bientôt !






Estelle :

Merci pour Thya !


Pour ce qui est du style, j'essaye toujours de trouver le ton juste, l'harmonie propre à chaque roman. Donc mon écriture varie d'un univers à l'autre, d'un livre à l'autre.

Je passe toujours beaucoup de temps sur les premiers chapitres, sur les premières phrases - j'ai mis près de trois mois à écrire les premières pages d'"Un Eclat de Givre", c'est mon record encore aujourd'hui.
Puis, une fois que les premières pages "sonnent juste", je suis lancée, la suite s'écrit beaucoup plus vite, heureusement.
( Je ne saurais pas dire pourquoi ou comment je sais que les premières pages sonnent juste, c'est une sorte d'évidence qui arrive au terme de plusieurs réglages, un peu comme lorsqu'on s'accorde en musique).






XL :

bonjour
les commentaires sur le processus de création et d'écriture sont toujours très intéressants
A propos, crois-tu qu'il est nécessaire que des compagnons meurent autour du héros ? 



SPOIL : (surligner la bande claire pour pouvoir lire)

Je pense au décurion par exemple, certes il avait une dette d'honneur à racheter mais son sacrifice sert-il autrement l'histoire ?

Estelle :



Bonjour et merci !



D'une manière générale, je crois qu'il n'y a pas de règle en écriture.

J'essaye de faire avant tout ce que l'histoire demande, de mener chaque personnage jusqu'au bout de son chemin. Parfois, certains vont devoir mourir. Dans certains cas, je le sais dès le synopsis. Dans d'autres cas, comme celui du décurion, ce n'était pas prévu à la base, mais ça s'est révélé inéluctable au fil de l'écriture.

Ce ne sont pas des scènes que j'aime écrire, d'ailleurs, les morts de personnages. L'une d'elles m'a même laissée dans un sale état pendant près de vingt-quatre heures, mais il fallait en passer par là.

SPOIL


Pour en revenir au sacrifice dont tu parles - attention, semi spoiler pour ceux qui n'ont pas lu toute la Voie des Oracles... - il sert aussi l'histoire, pour moi. Il va peser dans la balance, dans le choix auquel Thya va être confrontée à la fin du tome 3.
Mais même si ce n'était pas le cas, l'essentiel est que le personnage soit allé au bout de sa route, où qu'elle le mène. Chaque personnage a sa vie, son itinéraire propre, et je fais tout pour que mes personnages secondaires ne soient pas de simples faire-valoir du héros, ou des outils du scénario, mais des êtres humains à part entière.



Licorne :


C'est encore Licorne ! Bonsoir Estelle

J'ai fini les seigneurs de Bohen et ma chronique a été extrêmement dure a écrire a cause d'un foisonnement de pleins de choses ! J'ai beaucoup de mélancolie à la suite de cette lecture magnifique, sans doute parce que ces héros ont tous un lourd passé et qu'on ressent ce poids en avançant dans l'histoire. On ne sait pas non plus quel va âtre le destin de certains. Qu'as tu ressenti toi même en écrivant les dernières lignes de ce roman ?


Estelle :


Bonjour et merci beaucoup Licorne !

En fait, je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir quitté Bohen, même maintenant que le roman est terminé et publié, j'ai toujours un bout de mon esprit dans cet univers.
Certaines scènes du roman ont été un peu éprouvantes à écrire, surtout une, mais quand j'ai terminé, j'étais avant tout heureuse d'avoir réussi à finir ce livre, à tresser ensemble tous mes fils d'histoires - en tenant les délais, en plus ! 
J'étais vidée, un peu nostalgique, et en même temps j'avais l'impression d'avoir fini d'ouvrir une porte vers Bohen.
Par la fenêtre de mon bureau, je voyais l'aube se lever, et il faisait beau, ça correspondait assez bien à mon état d'esprit.


Le Mont des Rêves :

Bonjour Estelle ! Félicitations en tout cas pour Les seigneurs de Bohen, l'univers est incroyable ! Alors j'ai quelques questions et je vais toutes les mettre ici comme ça ! Les seigneurs de Bohen, c'est clairement une époque charnière dans l'Histoire (with a big H). De quelles périodes historiques t'es-tu inspirées ? Quel a été le travail de recherche documentaire en amont ? Te sens-tu, en tant qu'auteure, responsable devant le lecteur de l'Histoire que tu écris et du parallèle avec notre Histoire ? (Heu c'est compréhensible ?)

J'ai aussi beaucoup apprécié ton roman post-apocalyptique, Un éclat de givre. Encore une fois, un univers science-fictionnel particulier. Comment est-il né ? J'ai beaucoup apprécié ce Chet rêveur, nostalgique, poétique. D'où vient-il ? Et comptes-tu te remettre à écrire de la science-fiction ?


Estelle :

Bonjour et merci pour "Les Seigneurs de Bohen", ravie qu'il t'ait plu !

J'adore les périodes charnières de l'Histoire, les changements de civilisations. ce sont des époques passionnantes pour y placer des livres, riches en rebondissements, en questionnements, en remises en cause, et qui nous en apprennent beaucoup sur la nature humaine, aussi.
Pour créer Bohen, je me suis surtout inspirée de la fin du Moyen-Age en Europe, du début de la Renaissance en général, et plus précisément de l'Histoire de la Bohême entre le 12e et le 16 e siècles - une période où cette partie du monde a connu une véritable ascension, une grande puissance, puis un inévitable déclin, pour résumer à gros traits.
Je me suis aperçue il y a quelques années que je ne connaissais quasiment rien en Histoire sur l'Europe Centrale et l'Europe de l'Est, avant l'époque moderne, alors que j'avais lu beaucoup de contes et légendes de ces régions. J'ai voulu combler cette lacune, et j'ai découvert tout un monde que j'ignorais, alors que pourtant il était voisin ou presque du nôtre. 


Pour le travail documentaire en amont - j'espère que je ne vais pas me répéter^^-, rien d'extraordinaire, je suis allée en librairies et en bibliothèques, j'ai demandé des conseils autour de moi, j'ai couru les expos et les épiceries spécialisées - pour goûter ce que mangent mes personnages. Lors d'un voyage en Pologne, j'ai visité des mines d'or et de sel qui ont servi de base à celles de Katow-Ser. Une correspondante roumaine m'a donnée quelques infos sur les marécages pas loin de chez elle...
Je me suis documentée également sur les armes et les stratégies militaires. J'ai fait de l'escrime historique, de la rapière surtout, pour créer Sainte-Etoile. Bien sûr, je n'ai pas le niveau de mon escrimeur errant, loin de là, mais ça m'a aidé à extrapoler. J'ai remis les pieds au Musée de l'Armée, aux Invalides, où je n'étais plus entrée depuis le collège. Le livre de l'exposition "d'Azincourt à Marignan, chevaliers et bombardes" m'a suivie tout au long de l'écriture... 
Bref, comme pour chaque roman, j'ai varié mes sources, mélangé lectures et expériences concrètes, pour rendre le résultat le plus riche et le plus vivant possible.


La documentation, c'est un cliché de le dire mais c'est vrai, c'est un peu comme la danse classique, il faut travailler beaucoup en amont pour que le résultat paraisse fluide et naturel aux yeux du spectateur, ou du lecteur. Le lecteur ne doit surtout pas sentir l'effort de reconstitution, mais s'immerger d'emblée aux côtés des personnages, dans la peau des personnages même, dans un monde qui est évident pour eux.

Pour la question de la responsabilité vis-à-vis du lecteur, je crois que je l'ai comprise, j'espère que ma réponse va être claire aussi^^
Je sais que je ne suis pas historienne, et mon but quand j'écris n'est pas de donner une leçon d'Histoire. Mais j'essaye de faire en sorte que mes romans sonnent le plus juste possible, qu'ils entrent en résonnance de manière pertinente avec la période dont ils s'inspirent, plus ou moins directement.
Je m'efforce de sortir de ma carcasse, de voir et de penser le monde au travers de mes personnages, avec leurs impensés, leur vision de l'univers, leur passé propre, leurs codes moraux... Je veux éviter à tout prix que mes personnages ne soient que des coquilles vides, des héros qui auraient l'apparence d'une tisserande chinoise du dix-huitième siècle, d'un barbare de la fin de l'Antiquité ou d'une religieuse aveugle de Bohen, mais qui raisonneraient et se comporteraient tous, au fond d'eux, comme une banlieusarde trentenaire du vingt-et-unième siècle. 
Quand je me présente devant les lecteurs, je veux pouvoir leur dire que j'ai fait mon travail de mon mieux, pour leur créer des personnages et un univers les plus cohérents, les plus incarnés et les plus vrais possibles. En me laissant guider par ce que la période et l'histoire -avec un petit "h", cette fois- le demandent, pas par des caprices d'auteur.


Je saute du coq à l'âne !


"Un Eclat de Givre", c'est un univers qui m'accompagne depuis... pour le coup, depuis plus de vingt ans, ça ne me rajeunit pas ! J'ai commencé à rêver à ce Paris déconstruit et reconstruit, à la fois futuriste et fantastique, quand j'étais au lycée. A l'époque, je songeais vaguement à en faire un univers de Jeu de Rôle. J'ai toujours beaucoup marché à pied dans Paris, et pris les transports en commun - je prenais le RER pour aller à la maternelle - et au fil de mes déplacement je m'amusais à transformer en imagination la ville qui m'entourait.
Puis, ces dernières années, j'ai vu le Paris que j'aimais, la ville qui me tenait à coeur, pas forcément parfaite mais vivante, vibrante, reculer au profit d'une ville muséifiée, nettoyée, irréelle, qui offre un visage lisse et ennuyeux aux touristes et aux gens bien nés. Sur la Place de la Sorbonne, une enseigne de vêtements de sports remplace désormais la grande librairie des PUF, des Presses Universitaires de France. La Piscine Molitor a perdu ses peintures urbaines pour devenir un spa exclusif, aux tarifs d'entrée exorbitants. La Miroiterie est morte, et sur les pentes de Montmartre, les petits marchands de tissu, où se sont fournies toutes mes troupes de théâtre, cèdent la place à des magasins de souvenirs sans âme, qui recyclent un Paris qui n'existe déjà plus. Du côté de Bastille, le bizarre bar sans nom a été relooké en fausse boîte de nuit berlinoise...
Heureusement, il subsiste encore çà et là des poches de vraie vie, mais j'espère que le mouvement déjà bien amorcé de ripolinage de la ville va s'inverser un jour.
Chet est né de là, de ma relation d'amour/haine avec Paris, de ma nostalgie de certains lieux et de mes espoirs, malgré tout, pour l'avenir. De mes années de théâtre, aussi - mais ça, j'en ai déjà parlé plus haut, je crois^^.


Enfin, pour répondre à ta dernière question, j'ai un projet de Space-Opera sur le feu, je croise les doigts pour qu'il voit le jour bientôt !



Mariejuliet :


Ah chouette très bonne nouvelle pour polar et thriller et space opera ! Tu vas vraiment faire tous les genres :-D

Mais avant ça, j'ai une déclaration : ce n'est pas possible!!!!! Tu ne peux pas nous laisser comme ça après les seigneurs de Bohen!!! Que deviennent Saint-Etoile et Mord et les filles de l'empereur ????

Estelle :


Merci Mariejuliet !


En règle générale, j'aime bien les fins ouvertes, celles qui laissent les personnages libres de vivre leur vie, et le lecteur libre d'imaginer la suite, s'il en a envie. 
Mais maintenant que j'ai quelques romans derrière moi, je me dis de plus en plus en souvent que je reviendrais bien dans certains de mes univers, voir comment ils évoluent, comment les héros tracent leur chemin, ce qu'ils deviennent un an, deux ans, dix ans... après la fin du premier livre.
Après, comme d'habitude, il faut que je trouve le temps d'écrire.


Elphriya/Maëlys :

Bonjour Estelle,

Promis je ne vais pas encore te dire à quel point Un éclat de givre m'a marquée (si vous ne l'avez pas lu, qu'attendez-vous ?!) ^^.

En regardant les questions et les réponses, j'ai vu apparaître le nom de Racine qui est l'un de mes dramaturges préférés. Comme tu as fait du théâtre en tant qu'actrice et metteur en scène, je voulais savoir si pour toi lire des pièces était une aberration (okay, le mot est un peu fort). Pour ma part, j'ai bien du mal avec les représentations et étrangement, je ressens davantage le pouvoir des mots lors de ma lecture. Sinon, quels sont les dramaturges ou les pièces qui t'ont le plus marquée ?

Je reviens à l'écriture et ma question rejoint plus ou moins des questions précédentes. Je voulais savoir, lorsque tu écrivais une scène, si tu savais déjà avec précision ce qui s'y passait - quitte à faire des modifications si une nouvelle idée surgissait - ou si tu avais une idée plus ou moins vague et qu'ensuite tu te laissais porter par tes personnages ?

Et je finirai sur un point qui me rend réellement admirative : ton style. Tu réussis à le rendre vivant, incarné à tel point qu'on a l'impression en te lisant que les mots s'imposent à toi et que tu te dois les retranscrire. C'est d'ailleurs ce qui pour moi fait la force de tes romans. Je sais que tu réécris plusieurs fois tes débuts de roman pour trouver la justesse des phrases mais t'arrive-t-il de devoir prendre davantage de temps au cours de l'écriture ? Y a-t-il des passages qui te posent problème ou le reste coule-t-il de source ? (Je ne sais pas si je suis vraiment claire pour le coup...) Et comment fais-tu pour avoir autant de vocabulaire :o ? Chaque fois que je lis un de tes romans, je suis certaine de découvrir de nouveaux mots (ce que j'adore, j'ai un carnet exprès) !

En attendant tes réponses, je te souhaite que le café coule à flot dans tes veines,

Maëlys


Estelle :

Bonjour Maëlys,
et encore merci pour "Un Eclat de Givre" !


Pour les questions sur le théâtre, je n'ai rien contre les lectures de pièces, elles permettent souvent de faire résonner les mots de l'auteur avec beaucoup de clarté, et valent parfois mieux qu'une mauvaise mise en scène. Ceci étant dit, une bonne mise en scène permet de faire vivre vraiment les personnages, et une très bonne mise en scène donne une nouvelle dimension à une pièce.
Passons à mes dramaturges et pièces favoris. J'ai été marquée très jeune par Le Mariage de Figaro, de Beaumarchais, pour son allant, pour son rythme, pour le personnage central surtout, qui tombe et se relève sans rien perdre de son esprit, de sa verve, pour ses répliques qui ont contribué à façonner l'Histoire, et qui aujourd'hui encore portent en elles un souffle de liberté et de révolution. Ensuite, j'ai découvert Racine, avec un coup de cœur pour Andromaque ( la pièce la plus sombre que j'ai lue, qui va mal dès le troisième vers et évolue ensuite vers quelque chose d'encore pire). J'aime Lorenzaccio de Musset pour son héros tout en zones grises, et le Diable et le Bon Dieu de Sartre, sans doute la première pièce de fantasy française ( il y a un siège, des batailles, le Diable qui interagit avec les hommes, un traître, une sorcière, et un bâtard qui fait dévorer son demi-frère légitime par les loups... Il ne manque que les dragons pour qu'on soit dans Game of Thrones^^). Je suis fan aussi de Shakespeare, et d'Edouard II de Marlowe, l'une des plus belles pièces sur le chaos du monde.
Chez les auteurs plus récents, j'adore les univers subtils et poisseux de Tennessee Williams, le très glauque Amour de Phèdre de Sarah Kane, et en moins pesant quand même Angels in America de Tony Kushner, pour sa galerie de personnages, son flirt avec l'absurde et le fantastique, et son côté tellement humain. 

Pour en revenir à l'écriture, j'essaye avant tout de me laisser guider par mes personnages, en effet, de ne pas partir sur des idées préconçues dans lesquelles j'essayerai de les faire rentrer au forceps. Mais je ne pars pas dans le vague pour autant, au contraire, j'entasse les notes en amont pour connaître à fond mes personnages et mon univers, pour que dans l'idéal je les sente vivre, pour que je les suive d'instinct, presque sans réfléchir ( dit comme ça, ça fait un peu mystique, sans doute... pourtant j'étais très rationnelle avant d'être auteur...) . Et au-delà, je travaille aussi la cohérence de l'histoire, son rythme, ses grandes lignes de tensions, je gère le suspense et les énigmes de mon récit en revenant souvent sur mes synopsis, sur mes frises chronologiques... J'écris beaucoup de synopsis, de fiches et de frises, qui évoluent ensuite au fil du temps, au fil de ce que m'apportent et de ce que m'apprennent mes personnages.

Pour ce qui est du style, là non plus, je n'ai pas trop de méthode. Je lis beaucoup - très bon pour le vocabulaire, au passage^^. J'écris pas mal de nouvelles. Les nouvelles sont un véritable laboratoire pour tester des genres, des phrases, des sonorités, pour travailler un concentré de style et d'atmosphère. Et j'écris, je réécris, parfois des chapitres entiers, surtout les premiers chapitres, plusieurs fois s'il le faut, pour trouver le ton propre à chaque livre. J'ai la chance aussi d'avoir les conseils de Xavier Mauméjean ( un grand auteur et un très bon directeur littéraire) pour mes premiers livres, il m'a vraiment aidé à trouver ma voix. Aujourd'hui, mes éditeurs et mes bêtas-lecteurs ont pris la suite (en bêta-lecteur, mention spéciale à Jérôme, qui m'a fait passer plusieurs mois sur les premières pages de "Givre", jusqu'à ce que la voix de Chet sonne juste, jusqu'à ce qu'on entende vraiment sa voix )

Sur ce, café !