jeudi 8 février 2018

JUSTE APRÈS LA VAGUE de Sandrine Collette





Éditions Denoël
Collection Sueurs froides
301 pages
19,90 euros


4ème de couv :

Il y a six jours, un volcan s’est effondré dans l’océan, soulevant une vague titanesque, et le monde a disparu autour de Louie, de ses parents et de ses huit frères et sœurs. Leur maison, perchée sur un sommet, a tenu bon. Alentour, à perte de vue, il n’y a plus qu’une étendue d’eau argentée. Une eau secouée de tempêtes violentes, comme des soubresauts de rage. Depuis six jours, ils espèrent voir arriver des secours, car la nourriture se raréfie. Seuls des débris et des corps gonflés approchent de leur île.
Et l’eau recommence à monter. Les parents comprennent qu’il faut partir vers les hautes terres, là où ils trouveront de l’aide. Mais sur leur barque, il n’y a pas de place pour tous. Il va falloir choisir entre les enfants.







On ne sait jamais à quoi s'attendre avec Sandrine Collette. Chaque nouveau roman est radicalement différent du précédent. Inclassable. Une seule chose est sûre cependant : elle vous prend par la main, vous entraîne sans jamais vous lâcher, même quand vous le souhaitez. Parce que des pauses, au milieu de cette lecture, j'aurais vraiment voulu en faire. Pour simplement penser à autre chose, pour apaiser l'angoisse sourde et profonde qui m'a envahie dès le prologue. Car oui, dès le prologue j'ai eu le coeur explosé. Je savais que ce roman serait déchirant.

Je me souviens que pour Six fourmis blanches j'avais prévenu : "équipez-vous pour les grands froids". Mais ici, je ne peux même pas vous dire d'enfiler un gilet de sauvetage. Vous allez couler, comme moi, submergé par les éléments qui se déchaînent dans ces pages, le cœur plombé par les décisions et les conséquences. Relisez donc la 4ème de couv… voilà, vous avez compris. Et encore ceci ne concerne que la vingtaine de pages du prologue.

Et le roman commence. Sandrine Colette s'occupe dans une première partie des trois gamins délaissés sur l'île. Ils se réveillent un matin et avant même de constater le départ des autres ils savent que quelque chose ne va pas : cela ne sent pas les bonnes odeurs du petit déjeuner. Un petit mot de la mère - Pas assez de places - Ils reviendront les chercher dans 15 jours - Elle les aime. Oui mais, pourquoi eux ? Pourquoi les trois du milieu ? Parce qu'ils sont ratés ? Louie avec sa jambe de travers, Perrine avec son oeil crevé, Noé qui ne grandit pas ? Ils s'organisent tant bien que mal. Louie, 11 ans, endosse le rôle d'aîné, de référent. Et l'eau qui continue de monter…
Extrait page 113 (les dernières lignes de la première partie)
Un piquet, c'est une journée. Louie, les pieds dans l'eau, compte les pas entre les deux derniers, les reproduits sur la terre : il pose un caillou au bout de son orteil.
Là, ce sera demain.
Et là, après-demain.
Dans trois jours, la mer arrivera ici.
- Mais, dit Noé, ici c'est le toit de la maison.
Louis a mis les mains dans son dos et contemple l'horizon, songeur.
- Eh bien tu vois. Dans deux jours, on dormira dehors en haut de la colline, et dans trois jours, on sera noyés.

La deuxième partie sera consacrée au voyage en barque du reste de la famille. Les deux grands, les quatre petites et les parents. La mère qui rumine l'abandon de ses trois enfants, le père qui culpabilise. Surtout qu'il se rend compte que l'eau continue de monter…
Et les éléments qui se déchaînent aussi bien sur l'île que sur l'eau. Je peux vous dire qu'il faut avoir le coeur bien accroché. Sandrine Collette m'avait déjà fait ressentir le vertige, là j'ai eu le mal de mer. Moi qui ai toujours ressenti un vague malaise sur une plage face à l'immensité de la mer, je ne vous raconte pas sur une barque ! Les épreuves se succèdent pour tous. l'auteur ne leur épargne rien, c'est souvent dramatique.

Et enfin, pour la troisième partie, on retourne sur l'île, vers nos trois petits abandonnés. La machine Collette passe en mode essorage rapide. Que d'épreuves pour ces bouts de choux !

Comme je le disais en introduction, ce nouveau roman de Sandrine Colette est un inclassable. Hormis le fait qu'il est dur, qu'il est noir, il touchera forcément chaque lecteur. Parce qu'il touche au plus profond de notre humanité, parce qu'il développe et magnifie toutes nos émotions. Parce qu'il prend aux tripes de la première à la dernière ligne. J'ai trouvé également que l'écriture de l'auteur évoluait. C'est plus sec malgré des phrases longues, c'est sans fioriture, ça tape dur.
Extrait page 279
Ou eux tous ensemble, parce que cela en fait des difformités quand on les met l'un à côté de l'autre, et il y aurait de quoi en rire en effet, si ce n'était pas si triste, on n'y prêterait à peine attention, peut-être un jour on se dirait, oui que quelque chose cloche chez ces trois là, que la nature ou le destin aurait pu s'abstenir - n'est-ce pas la raison pour laquelle à ce sont eux qui sont restés sur l'île, eux et pas les autres, pas Liam et Matteo, et pas Émilie, pas Sidonie, pas Lotte et pas Marion, juste eux, le boiteux la borgne et le nain.
Trois petites erreurs.
Et puis s'en vont.
Juste après la vague est un incontournable, IL FAUT LE LIRE. C'est un immense coup de coeur, sans aucun doute mon préféré. Il faut que je laisse décanter un peu pour me prononcer. Une histoire profondément touchante que l'on vit au plus proche de ses personnages, de ces gens, jeunes, moins jeunes ou vieux, qui se surpassent, par nécessité, par volonté, par humanisme. Une fin magnifique qui vous cueille par surprise et vous accroche enfin un sourire.


Un thriller/polar pour le challenge de la Licorne



1 commentaire:

Didi a dit…

Coucou,
je compte bien revoir Sandrine Collette au QDP 2018 et j'obéirai à ton ordre !
Bisous les filles :-)